ABYSS (1989)

Ne reculant devant aucun défi, James Cameron emmène son équipe de tournage sous l'eau pour un thriller de science-fiction claustrophobique

THE ABYSS

1989 – USA

Réalisé par James Cameron

Avec Ed Harris, Mary Elizabeth Mastrantonio, Michael Biehn, Leo Burmester, Todd Graff, John Bedford Lloyd, Leo Burmester

THEMA EXTRA-TERRESTRES I MONSTRES MARINS

Dans la continuité de Terminator et Aliens, James Cameron signe avec Abyss un film palpitant d’un bout à l’autre. On y retrouve ses penchants pour le futurisme hyperréaliste, la thématique de l’homme broyé par une machinerie gigantesque qu’il a lui-même créée, la figure récurrente de la femme forte et – plus que jamais – l’omniprésence de la couleur bleue. « C’est une couleur que j’adore ! », avoue-t-il « J’ai passé 2500 heures sous l’eau au cours de mes nombreuses plongées sous-marines, et tout est bleu dans l’océan. C’est magnifique.» (1) Au cours du prologue, un sous-marin nucléaire de l’US Navy se retrouve inexplicablement immobilisé dans une immense crevasse, à plus de 700 mètres de profondeur. Une équipe de marines surentraînés réquisitionne le Deepcore, une titanesque plateforme de travail en forme de crabe métallique, et ses ouvriers plongeurs afin d’atteindre l’épave. Des tensions naissent aussitôt entre militaires et techniciens, d’autant que le chef du Deepcore, Bud Brigman, se retrouve contraint de collaborer avec son ex-femme Lindsay.

Ed Harris et Mary-Elizabeth Mastrantonio, respectivement révélés dans Creepshow et Scarface, trouvent là des rôles magnifiques. Débordant de charisme, ils font reposer une bonne partie de la crédibilité du film sur leurs solides épaules. A bord de submersibles monoplaces ultra-sophistiqués, les plongeurs vont rejoindre l’épave et tâcher de comprendre ce qui a provoqué le naufrage du sous-marin américain. Mais à la surface, un cyclone d’une puissance inouïe provoque des dégâts considérables et précipite la plate-forme au fin fond de l’océan, laissant à ses occupants à peine douze heures d’oxygène. Acculés, les naufragés découvrent alors que d’étranges entités vivent dans les profondeurs abyssales.

Les grands fonds

La sensation de claustrophobie inhérente au scénario, les tensions humaines exacerbées par l’enfermement et l’héroïsme stimulé par des passions parfois contraires sont magnifiés par la mise en scène époustouflante de James Cameron, l’un des seuls cinéastes sur cette planète capable de réaliser un tel film, osant une direction d’acteurs sous l’eau avec l’enregistrement des dialogues en direct ! « C’était un tournage incroyable », se souvient le superviseur d’effets visuels Eric Brevig. « Nous étions immergés dans un immense réservoir pendant trois mois. Nous ne pouvions pas parler entre nous, nous devions communiquer en écrivant sur des ardoises et nous avons dû affronter d’innombrables problèmes techniques. C’était physiquement très éprouvant, mais on ne peut ressortir que grandi d’une telle expérience. » (2) À son service, Cameron s’octroie une multitude d’effets spéciaux très réalistes, effectuant-là un pas majeur dans la création d’images de synthèse avec la séquence désormais mythique du tentacule aquatique. Abyss aurait pu s’élever au rang de chef d’œuvre s’il ne s’était clôt sur un dénouement extravagant brisant la rigueur dramatique des deux heures précédentes. Sans doute ce « bouquet final » aurait-il eu plus d’impact s’il s’était déroulé en pleine nuit, à la manière de l’épilogue de Rencontres du troisième type dont il semble s’inspirer. La version longue du film intègre un raz de marée spectaculaire menaçant la population et des images d’actualités diffusées au héros par les êtres sous-marins. Mais ces rajouts extraient malencontreusement le spectateur du huis clos sur lequel repose le film et n’atténuent pas le goût d’inachevé provoqué par le final.


(1) Propos recueillis par votre serviteur en décembre 2009
(2) Propos recueillis par votre serviteur en juin 2008

© Gilles Penso

Partagez cet article