HOMMAGE À JEAN-CLAUDE ROMER

La disparition à 88 ans de ce grand érudit meurtrit le monde de la critique et les fantasticophiles

PUBLIÉ LE 23 MAI 2021

On ne donnait pas d’âge à Jean-Claude Romer, éternellement jeune de corps et d’esprit, son décès inattendu attriste tous ceux qui le connaissaient de près ou de loin. Amis et collaborateurs fantasticophiles, de Gérard Lenne à Hélène Merrick (La Fille de Starfix), en passant par Christophe Lemaire (Starfix, Mad Movies), Alain Schlockoff (L’Écran Fantastique), Marc Toullec, etc., tous témoignent à l’unisson de la générosité, de la gentillesse, du désintéressement, de la modestie, de la chaleur, de l’humour de ce cinéphile accompli dont la connaissance encyclopédique lui a valu d’être plusieurs fois membre du comité de sélection ou du jury dans de nombreux  festivals : Le Festival Fantastique et de Science-Fiction du Grand Rex, Le Festival d’Avoriaz bien sûr,  mais il est également salué comme un complice par l’ancien président du Festival de Cannes, Gilles Jacob, qui lui rend lui aussi un vibrant hommage. Il décernera également pendant 23 ans le Prix Très Spécial qu’il a créé avec son ami Gérard Lenne, où il réunira autour de lui une bande de copains et collègues journalistes et critiques, avec lesquels il consacrera de nombreux films fantastiques : Re-animator (1985), Hitcher (1986), Street Trash (1987), Les Feebles (1989), C’est arrivé près de chez vous (1992), etc.

 

A la fois archiviste, documentaliste, historien, critique, scénariste, attaché de presse, écrivain, mais aussi pour son plaisir apprenti comédien à ses heures dans les films de Jean-Pierre Mocky ou de Pierre Tchernia (alias « Monsieur Cinéma », émission à laquelle il collaborera jusqu’à la fin), mais aussi chez Alain Resnais, Jacques Rivette, Agnès Varda ou dans Baby Blood d’Alain Robak, ses activités multiples se déclinent à l’infini pour témoigner de sa passion pour le Cinéma. Pas seulement le Cinéma en tant que 7ème Art, car JCR se déclarait lui-même avant tout cinéphage, comme en témoigne sa rencontre et son intérêt pour Hershell Gordon Lewis, que l’histoire retient comme étant le premier réalisateur de films gore de l’histoire du cinéma, dont la référence au Grand-guignol amusait beaucoup Jean-Claude. Avec Jean Boullet, il fera figure de précurseur avec un numéro historique de la revue Bizarre en 1962 consacrée au cinéma d’épouvante et aux monstres Universal avec le Frankenstein de James Whale (1931) en couverture où, à l’instar de Forrest Ackerman dans Famous Monsters of Filmland, il s’intéresse à Tod Browning, Bela Lugosi et Boris Karloff. Ce numéro préfigure la revue qu’il créera ensuite : Midi-Minuit Fantastique qui sera une inspiration pour de nombreux cinéphiles comme le réalisateur Christophe Gans, de la même façon que Famous Monsters impactera le cinéma de Steven Spielberg, George Lucas, Joe Dante ou John Landis. Jean-Claude Romer collaborera à la version japonaise éditée par un autre regretté fantasticophile passionné : Hajime Ishida. Nommé président d’honneur du Syndicat Français de la Critique de Cinéma, c’est une vilaine ironie qui nous enlève notre ami à quelques jours de la réouverture des salles. Ponctuel, professionnel, joyeux, attentionné, pourtant prudent sur les questions de santé, Jean-Claude était un homme charmant, égal à lui-même, qui laisse un grand vide et un fandom inconsolable.

 

© Quélou Parente

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