28 JOURS PLUS TARD (2002)

Avec des moyens limités et une caméra légère, Danny Boyle redonne un coup de jeune aux films de zombies et relance une vogue désormais instoppable

28 DAYS LATER

2002 – GB

Réalisé par Danny Boyle

Avec Cillian Murphy, Naomie Harris, Noah Huntley, Alexander Delamere, Kim McGarrity, David Schneider, Toby Sedgwick

THEMA ZOMBIES

Après tant de films consacrés aux zombies, était-il encore possible de surprendre le public et de révolutionner le sujet ? Oui ! Danny Boyle y est parvenu de magistrale façon, en abordant le thème des morts-vivants sous un jour hyperréaliste, loin des conventions de ce sous-genre si souvent visité sur tous les continents. L’invasion des cadavres anthropophages est ici provoquée par des singes à qui des savants inconscients ont inoculé un virus censé exacerber leur rage. Grâce à une image DV proche du reportage, à des comédiens au jeu naturaliste et à une mise en scène évitant les figures imposées, le réalisateur de Trainspotting propose un traitement différent. D’ailleurs, le mot « zombie » n’est jamais prononcé dans le film. On préfère parler de « contaminés », comme si nous avions affaire à une maladie réelle, rendue plausible par des recherches orientées vers la guerre bactériologique. L’horreur de la situation n’en est que plus tangible, et le fait que Boyle fasse ici ses premiers pas dans le genre participe sans aucun doute de ce réalisme.

Pourtant, 28 Jours plus tard cligne souvent de l’œil en direction de l’œuvre de George Romero, référence ultime et incontournable en la matière. Dès l’extraordinaire séquence d’introduction, lorsque le héros se retrouve seul dans un Londres désert et laissé à l’abandon, on pense au prologue du Jour des morts-vivants. L’ombre du grand George plane encore sur ces quatre survivants qui fuient ensemble en quête d’un refuge hypothétique. Les séquences du ravitaillement à la station-service (avec une attaque d’enfants zombifiés) ou des courses dans le supermarché déserté sont des hommages évidents à Zombie. Et lorsque nos héros se heurtent à des militaires bornés qui ont capturé l’un des « contaminés » pour l’étudier, c’est à nouveau Le Jour des morts-vivants qui revient en mémoire, via son incroyable personnage de Bud le zombie apprivoisé. Pourtant, 28 Jours plus tard existe d’une manière parfaitement autonome, sans jamais souffrir du syndrome de la copie ou du clin d’œil amusé à la Kevin Williamson.

Des zombies marathoniens

Danny Boyle parvient à nous terrifier à de nombreuses reprises avec ses zombies qui, contrairement à leurs ancêtres à la démarche traînante, courent hystériquement, accompagnés d’effets sonores effrayants et d’un effet « shutter » qui dote les prises de vues d’une frénésie fort efficace. A ce titre, la séquence du tunnel est un véritable morceau de bravoure, les monstres étant précédés d’une horde de rats terrifiés. D’autres scènes, comme cette vue panoramique de Manchester sous les flammes, sont empreintes d’une poésie quasi-surréaliste. Après un climax dans lequel la violence et l’hystérie explosent sans aucune retenue, le dénouement s’ensoleille enfin mais reste ouvert, laissant planer un doute sur le destin des rescapés. Encore un point commun avec Romero. 28 Jours Plus Tard aura un tel impact que dès lors, il sera difficile d’envisager un film de zombie autrement qu’avec des cadavres courant le marathon hystériquement. Un parti-pris que Romero lui-même juge illogique, mais qui démontre ici une indéniable efficacité.

 

© Gilles Penso

Partagez cet article