LE JOUR DES MORTS-VIVANTS (1986)

Troisième épisode de la trilogie des morts-vivants, cet opus nihiliste permet à George Romero de développer sa satire des instances gouvernementales et de l'armée

DAY OF THE DEAD

1986 – USA

Réalisé par George A. Romero

Avec Lori Cardille, Terry Alexander, Joseph Pilato, Jarlath Conroy, Anthony Dileo Jr, Richard Liberty, Sherman Howard 

THEMA ZOMBIES I SAGA LES ZOMBIES DE ROMERO

Il y eut d’abord la nuit (Night of the Living Dead) puis l’aube (Dawn of the Dead). Voici donc le jour (Day of the Dead), troisième volet d’une trilogie dont chaque épisode est autant la suite que le remake du précédent. Ce nouvel opus était d’autant plus attendu que Zombie demeure aux yeux de beaucoup le meilleur film jamais réalisé sur le thème des morts-vivants. Après la vieille maison et le supermarché, George Romero choisit d’enfermer ses protagonistes dans un abri anti-atomique, troquant l’esprtit révolutionnaire de 1968 et la critique du consumérisme de 1977 contre un acerbe pamphlet antimilitariste. Dans ce nouveau huis clos propice aux tensions en tout genre, une poignée de rescapés, des savants et des militaires, résistent aux assauts répétés des morts-vivants qui ont envahi la Terre. Se supportant de moins en moins, les scientifiques et les soldats luttent aussi entre eux, ce qui finit par faciliter l’infiltration des zombies dans le bunker. « Les personnages ne sont pas les mêmes d’un épisode à l’autre parce que chaque histoire se déroule à une époque différente au sein d’une même “mythologie” », explique Romero. « Les films sont très différents les uns des autres, du point de vue du style et de l’atmosphère. Par exemple, on ne peut pas vraiment dire que Le Jour des morts-vivants soit la séquelle de Zombie. A titre personnel, cet épisode est mon préféré de la trilogie » (1)

Des moments extraordinaires parsèment le film, notamment les plans démentiels de la ville désertée où se répandent dans l’indifférence générale des centaines de billets de banque, ainsi que les séquences avec le zombie apprivoisé Bub, ou encore le prologue onirique où l’héroïne est attaquée par des centaines de bras qui déchirent les murs qui l’entourent (réminiscence d’une séquence hallucinatoire du Répulsion de Roman Polanski). De son côté, le maquilleur Tom Savini est allé bien plus loin que dans Zombie, ses effets spéciaux composant parfois des centaines de visages décomposés et surréalistes, au lieu des simples visages blafards et bleutés du film précédent. « Tom Savini m’a appris comment détourner l’attention du public, comment attirer l’œil du spectateur dans une direction pour qu’il ne puisse pas voir ce qui se passait de l’autre côté de l’écran », explique le ténor des maquillages spéciaux Greg Nicotero, dont Le Jour des morts-vivants fut le premier travail en tant qu’assistant.  « C’était du travail d’illusionniste. » (2)

Un film misanthrope ?

Dommage, malgré tout, que Romero ait choisi un trop-plein de dialogues successifs pour illustrer le différend qui oppose de plus en plus violemment les scientifiques et les militaires. Le rythme du film s’en ressent. Les oppressantes luttes intestines du premier film et l’action soutenue du second n’atteignent jamais ici la même intensité, malgré une claustrophobie fort bien restituée. « Nous étions alors dans une époque de méfiance et d’incertitudes », raconte Romero. « Tout le monde perdait foi dans le gouvernement, l’industrie et l’armée. Voilà pourquoi mes héros rampent au fond d’un trou. Finalement, le personnage le plus sympathique, dans ce film est Bub le zombie. C’est un film plus sombre et plus triste que les deux autres. » (2) Fidèle à son habitude, le cinéaste opte pour un dénouement ouvert. Le carnage final n’épargnera qu’une poignée de survivants qui partiront en hélicoptère vers une île déserte, seul refuge à leurs yeux susceptibles de les extraire aux griffes des zombies mais aussi de leurs semblables. De là à dire que Le Jour des morts-vivants est un film misanthrope…

 

(1) et (3) Propos recueillis par votre serviteur en juillet 2005
(2) Propos Recueillis par votre serviteur en mars 2014

© Gilles Penso

 

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