BULK L’INVINCIBLE (2010)

Une imitation de Hulk tellement ratée, tellement cheap et tellement grotesque qu'elle en deviendrait presque culte

THE AMAZING BULK

2010 – USA

Réalisé par Lewis Schoebrun

Avec Shevaun Kastl, Jordan Lawson, terence Lording, Randal Malone, Jed Rowen, Deirdre V. Lyons, Juliette Angeli

THEMA SUPER-HEROS I MÉDECINE EN FOLIE

Quand on a une filmographie ornée de titres tels que Dr Chopper, Death Sisters, Queen Cobra ou Aliens vs. Avatars, on est généralement dénué de complexes. C’est le cas de Lewis Schoebrun, un réalisateur habitué aux budgets anémiques et aux concepts bizarres. Avec Bulk l’invincible, notre homme décide de proposer sa propre variante de L’Incroyable Hulk, si ce n’est qu’il dispose en tout et pour tout de 14 000 dollars pour boucler son film. Shoebrun choisit donc de filmer tous ses comédiens devant un grand fond vert et d’utiliser exclusivement des images de synthèse pour les arrière-plans, ce qui renforcera selon lui l’aspect comic book du long-métrage.

Pourquoi pas ? Après tout, Sin City et 300 avaient prouvé la viabilité d’un tel parti pris. Seulement voilà : sans le sou, le cinéaste achète ses fonds numériques dans les banques d’image les moins onéreuses du monde (y compris sur Ebay !) et se retrouve avec des images de synthèse disparates à peu près aussi élaborées que celles d’un jeu vidéo des années 80 ! Bulk l’invincible raconte l’histoire d’Henry Howard, un jeune savant plein d’ambition qui cherche à mettre au point un sérum capable d’augmenter la masse musculaire des êtres humains et dont la fiancée, la jolie Hannah, se trouve être la fille du général Darwin, son irascible employeur. Expérimentant le sérum sur lui-même, Henry se transforme aussitôt en Bulk. Les mots nous manquent pour décrire cette créature. Imaginez un croisement impensable entre le Troll de La Communauté de l’Anneau et le Bibendum Marshmallow de S.O.S. Fantômes, qui aurait été modélisé et animé par un enfant de huit ans sur un ordinateur du siècle dernier.

Les images de synthèse les plus laides de tous les temps

La peau violette, les bras ballants, la bedaine molle, les fesses à l’air, cette chose difforme se déplace exclusivement en trottinant comme un jogger du dimanche et laisse les spectateurs totalement incrédules. Lâché dans la ville, ce colosse hideux s’oppose au sinistre docteur Kantlove qui menace de faire exploser la Lune avec son armada de missiles. Le jeu des acteurs est globalement catastrophique mais c’est un moindre mal, car nos yeux ahuris sont surtout obnubilés par cet enchaînement d’atroces incrustations sur fond vert, au sein d’animations numériques d’une laideur inouïe. Voir Henry et Hannah gambader en faisant du sur place, tandis que défile derrière eux un paysage de campagne numérique aux pixels gros comme des camions, est un spectacle assez hallucinant. Tout le film est à l’avenant, l’action se situant dans un environnement à mi-chemin entre la forêt de Oui-Oui, l’animation Powerpoint bas de gamme et le jeu vidéo période Space Invaders. Le réalisateur tente bien de se racheter en recourant au second degré (les trois logos qui ouvrent le film parodient ceux d’Universal, 20th Century Fox et Paramount, la poursuite finale se déroule au milieu d’un bestiaire en animation totalement absurde) mais le film est trop disgracieux, trop bâclé, trop stupide pour que ces traits d’humour surréalistes puissent le racheter, ne serait-ce que partiellement. Sur le papier, l’idée d’un faux Hulk violet semi-parodique pouvait légitimement attiser la curiosité. Mais dans les faits, Bulk l’invincible est une purge innommable dont le visionnage s’apparente à une douloureuse épreuve.

 

© Gilles Penso 

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