L’INCROYABLE HULK (2008)

Cinq ans à peine après la version de Ang Lee, Louis Leterrier réinvente le Titan Vert de Stan Lee pour l'intégrer dans le Marvel Cinematic Universe

THE INCREDIBLE HULK

2008 – USA

Réalisé par Louis Leterrier

Avec Edward Norton, Liv Tyler, Tim Roth, William Hurt, Tim Blake Nelson, Ty Burrell, Lou Ferrigno

THEMA SUPER-HEROS I SAGA HULK I AVENGERS I MARVEL

Le Hulk d’Ang Lee n’ayant pas convaincu grand monde, les dirigeants du studio Marvel décidèrent de tout effacer et de reprendre les choses à zéro avec un nouveau réalisateur, un nouveau casting et surtout une nouvelle approche du personnage. Spécialiste du cinéma d’action estampillé Europacorp (Le Transporteur, Danny the Dog), Louis Leterrier fut chargé de redorer le blason du géant vert. Dès le générique de début, on comprend que L’Incroyable Hulk ne nous racontera pas les origines du personnage, expédiées en quelques plans elliptiques, mais s’attachera directement aux tourments du docteur Bruce Banner (Edward Norton), fuyant les autorités pour trouver l’antidote au mal qui le transforme en monstre chaque fois qu’un accès de colère le gagne. Réfugié dans une favela brésilienne, il est bientôt retrouvé par l’opiniâtre général Ross (William Hurt) qui met tout en œuvre pour le capturer. Or deux facteurs humains vont compliquer les choses : Betty Ross (Liv Tyler), la fille du général, toujours amoureuse de Bruce et prête à tout pour l’aider ; et Emil Blansky (Tim Roth), un soldat avide de pouvoir qui s’injecte le sang de Banner pour se transformer en un monstre hideux répondant au doux nom d’Abomination…

Curieusement, cet Incroyable Hulk puise moins son inspiration dans le comic book original que dans la populaire série télévisée des années 70, dont on retrouve ici de nombreux échos en forme de clins d’œil : l’expérience au cours de laquelle Banner est exposé aux rayons Gamma, la dilatation de ses pupilles avant chaque transformation, le thème musical qui accompagne ses errances de fugitif, et même le poster qui reproduit celui du téléfilm diffusé en 1977. Quant à Lou Ferrigno, il fait une petite apparition dans le rôle d’un vigile mais prête également sa voix caverneuse au géant vert.

Une créature désespérément digitale

Le monstre lui-même, on s’en doute, est une création 100% numérique, confiée cette fois à la compagnie Rythm & Hues. Impressionnant, rugissant, destructeur, le colosse émeraude est très fidèle à son modèle dessiné, mais il a toutes les peines du monde à nous faire oublier ses origines numériques. Malgré la qualité de son animation (obtenue la plupart du temps par le biais de la motion capture) et le soin tout particulier apporté à la texture de sa peau et à sa structure musculaire, il s’appréhende moins comme un personnage que comme un effet spécial. Cette sensation handicape quelque peu l’affrontement entre Hulk et Abomination. Si elle est généreuse en cascades, en pyrotechnie et en démolitions, cette bataille finale a surtout les allures d’une animatique de jeu vidéo, et une grande partie de son impact émotionnel en pâtit. D’autant que son déroulement semble obéir à une mécanique calquée sur celle d’Iron Man, se privant du même coup de surprise et de spontanéité. Restent les acteurs, charismatiques en diable et débordant d’émotions contenues. Grâce à eux, la cavale de Bruce et Betty nous émeut, et le défi raté par Ang Lee s’avère ici remporté haut la main. Quant à la scène finale, elle annonce la mode des clins d’œil post-génériques du Marvel Cinematic Universe et met en évidence la naissance de cette gigantesque saga dont Iron Man et L’Incroyable Hulk sont les premiers jalons.

© Gilles Penso

 

Pour en savoir plus

Partagez cet article