CASINO ROYALE (2006)

Les producteurs de la saga officielle James Bond récupèrent enfin les droits du premier roman d'Ian Fleming et dotent l'agent 007 d'un tout nouveau visage

CASINO ROYALE

2006 – GB / USA

Réalisé par Martin Campbell

Avec Daniel Craig, Eva Green, Mads Mikkelsen, Judi Dench, Caterina Murino, Jeffrey Wright, Giancarlo Giannini

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA JAMES BOND

Jusqu’alors, les producteurs de la saga James Bond n’avait jamais pu adapter officiellement le roman « Casino Royale », suite à un problème de droits qui fut réglé lors de l’acquisition de la franchise par Sony. Déjà aux commandes de Goldeneye, Martin Campbell reprend du service et se lance dans une sorte de « post-préquelle » aux allures de reboot. Ainsi Casino Royale raconte-t-il les débuts de l’agent 007 et ses premières missions après l’obtention de son permis de tuer, le tout en 2006 (avec Judi Dench qui, pour sa part, conserve le rôle de M qu’elle tenait depuis 1995). Et puisque nous assistons à la renaissance d’un héros, il était logique de le doter d’un nouveau visage. Surprenant, le choix de Daniel Craig est un vrai coup de génie. Ses traits burinés et son corps trapu s’adaptent parfaitement à cet assassin mal dégrossi encore loin de l’espion sûr de lui que nous connaissons. D’où de savoureuses joutes verbales avec M. « Difficile de faire comprendre ça à un bulldozer, mais l’arrogance et l’introspection ne font pas bon ménage » lui lance-t-elle ainsi après qu’il soit entré par effraction chez elle. La brutalité de notre homme est apparente dès l’ahurissante séquence d’action qui ouvre les festivités, au cours de laquelle il course un terroriste incarné par Sébastien Foucan (Yamakazi). L’agilité acrobatique de l’un (qui évite les obstacles en se contorsionnant avec grâce) contraste fortement avec la rudesse de l’autre (qui a plutôt tendance à défoncer les murs !).

Autre morceau de choix : une poursuite en camion à couper le souffle qui n’est pas loin de nous rappeler celles des Aventuriers de l’Arche Perdue ou de Mad Max 2. La mission de Bond se précise alors : il doit affronter Le Chiffre (un vilain suave aux larmes de sang qui rappelle le Christopher Walken de Dangereusement Vôtre) au cours d’une partie de poker dans un casino du Montenegro. Le but de l’opération est de ruiner ce banquier dont la clientèle est constituée de terroristes internationaux. 007 est épaulé par Vesper Lynd (la sublime Eva Green), qui représente le Trésor Public. Une inévitable idylle se noue entre eux, mais qu’elles sont loin les James Bond girls affables qui se pâment devant le beau James avant de s’offrir à lui ! Vesper est une femme complexe, entreprenante et peu impressionnable. Lorsque Bond lui lâche nonchalamment « vous n’êtes pas mon genre », elle se contente de lui rétorquer, le sourire aux lèvres : « intelligente ? »

 

James Bond Begins

Le jeu du chat et de la souris s’achève par une histoire d’amour intense comme on n’en avait pas vue depuis Au service secret de Sa Majesté. Tout ce que 007 va vivre au cours de cette mission va peu à peu définir le personnage archétypique auquel vingt films nous ont familiarisé. Nous comprenons dès lors sa méfiance des femmes, son amour pour les voitures de luxe et les cocktails raffinés, sa prise d’assurance. La métamorphose du héros transparaît à tous les niveaux du film, depuis la redéfinition de la classique scène pré-générique jusqu’à la partition de David Arnold qui n’aborde jamais frontalement le célèbre James Bond Theme, sauf au moment d’un épilogue très gratifiant. Vivre une nouvelle aventure de l’agent 007 comme si nous le découvrions pour la première fois : voilà le cadeau que nous offrent là Martin Campbell et ses producteurs.

 

© Gilles Penso

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