DEUXIÈME SOUS-SOL (2007)

Adoubé par son producteur Alexandre Aja, Franck Khalfoun isole dans un parking une jeune femme et un dangereux psychopathe

P2

2007 – USA

Réalisé par Franck Khalfoun

Avec  Rachel Nichols, Wes Bentley, Simon Reynolds, Grace Lynn Kung, Paul Sun-Hyung Lee

THEMA TUEURS

Avec Haute tension et le remake de La Colline a des yeux, Alexandre Aja et son fidèle co-scénariste Grégory Levasseur ont révélé une passion indéfectible pour le cinéma d’horreur brut et sans concession, hérité des premières œuvres de Tobe Hooper, Wes Craven et John Carpenter. A l’occasion de Deuxième sous-sol, dont l’idée leur vint à la lecture d’un fait divers survenu dans un parking parisien, ils cèdent le fauteuil du réalisateur à Franck Khalfoun. Le soir de Noël, Angela Bridges (Rachel Nichols) reste au bureau plus tard que ses collègues pour finaliser un important contrat avant de pouvoir rejoindre sa famille pour le repas du réveillon. Lorsqu’elle gagne le parking au niveau P2 pour récupérer sa voiture, il n’y a plus grand monde dans le building, et c’est avec beaucoup de contrariété qu’elle constate que son moteur refuse de démarrer. Fort heureusement, Thomas (Wes Bentley), le sympathique gardien du parking, lui propose son aide. Mais le soulagement n’est que de courte durée : Thomas est en effet un homme dangereux et obsessionnel qui surveille Angela depuis des mois et rêve d’en faire sa conquête. Bien décidé à ne pas passer la soirée de Noël seul dans sa loge, il assomme la jeune femme, la ligote, et la plonge dans une nuit de cauchemar dont elle sera seule à pouvoir s’échapper.

L’argument de Deuxième sous-sol est pour le moins efficace, et force est de constater que Franck Khalfoun en tire parti du mieux qu’il peut, assumant jusqu’au bout l’unité de lieu et de temps qui constituent le concept même du film. Si Wes Bentley (que le grand public put découvrir dans American Beauty de Sam Mendes) n’est pas le plus charismatique des psychopathes, Rachel Nichols (partenaire de Jennifer Garner dans la dernière saison d’Alias) est la vraie révélation de Deuxième sous-sol. Belle, crédible, sensible, elle bascule peu à peu dans une bestialité féroce seule susceptible de lui sauver la vie et de l’arracher aux griffes de son geôlier. En ce sens, les thématiques de P2 et de La Colline à des yeux se répondent avec une certaine symétrie. Dans les deux cas, nous avons en effet affaire à une victime qui ne peut affronter le monstre qui l’oppresse qu’en se transformant elle-même en monstre. Plus psychologique que physique, la terreur orchestrée par Khalfoun joue sur les peurs primales et universelles : le noir, le froid, l’inconnu, la claustrophobie, le vertige et bien sûr la mort.

Huis-clos souterrain

Le choix d’un parking souterrain, formidablement mis en lumière par Maxime Alexandre (et filmé dans un vrai parking de Toronto pendant soixante nuits consécutives), s’y prête à merveille. Mais au-delà de ses séquences de suspense pur et dur, le film nous réserve l’un des meurtres les plus brutaux et les plus sanglants qui nous aient été donnés de voir, assené aux spectateurs avec une telle rudesse que le traumatisme ainsi créé se répercute sur le restant du métrage sans que le metteur en scène n’ai besoin par la suite de recourir à une telle violence. Malgré tous ces atouts, Deuxième sous-sol ne passionne pas outre mesure, et laissera une impression bien moins durable que les films qu’Aja dirigea lui-même, car la plupart des péripéties obéissent à un schéma très classique, jusqu’à un dénouement pour le moins prévisible. Une œuvre efficace mais routinière, en somme.

© Gilles Penso

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