THE DIVIDE (2011)

Xavier Gens concocte outre-Atlantique un huis-clos post-apocalyptique particulièrement oppressant

THE DIVIDE

2011 – USA

Réalisé par Xavier Gens

Avec Lauren German, Michael Biehn, Milo Ventimiglia, Courntney B. Vance, Ashton Holmes, Rosanna Arquette, Ivan Gonzalez 

THEMA FUTUR I CATASTROPHES

Xavier Gens s’est fait connaître avec Frontière(s), un survival gore sous l’influence de Tobe Hooper et John Boorman, et Hitman, un thriller musclé qui lui ouvrit les portes hollywoodiennes. Avec The Divide, il s’attaque à un sous-genre populaire du cinéma de science-fiction : le film post-apocalyptique. Le prologue, spectaculaire et très graphique, est soutenu par des effets visuels remarquables. On y découvre rien moins que la destruction de New York par une série de déflagrations cataclysmiques. Sans explications, le monde s’effondre en un immense brasier, les cieux s’empourprent d’une nuée d’averses radioactives, et la population, terrifiée, se disperse en hurlant. Au milieu du chaos, huit habitants d’un immeuble de Manhattan trouvent refuge dans l’abri anti-atomique de leur gardien, se calfeutrent pour éviter les retombées toxiques, se rationnent comme ils peuvent et prennent leur mal en patience…

Le huis-clos induit par cette situation de crise ménage de beaux moments de tension, chacun se jaugeant avec une certaine méfiance. Visiblement très impliquée, la petite troupe de comédiens que dirige Gens est dominée par un Michael Biehn en grande forme. Un cigare vissé à la bouche, les cheveux en bataille, le regard un peu fou, l’ex-acteur fétiche de James Cameron s’érige ici en meneur de troupes autoritaire et paranoïaque. A fleur de peau, Rosanna Arquette incarne quant à elle une mère de famille qui perd progressivement pied avec la réalité et régresse quasiment à l’état bestial. A leurs côtés, Milo Ventimiglia casse l’image de jeune premier valeureux qu’il véhiculait dans la série Heroes pour entrer dans la peau d’un personnage aux facettes multiples. Rapidement, un rebondissement inattendu ouvre une piste nouvelle et nous laisse entrevoir le monde extérieur. Intrigante, cette péripétie survient sans doute trop tôt, car Xavier Gens use une à une toutes ses cartouches et se retrouve, comme ses protagonistes, coincé dans une situation aux possibilités de plus en plus limitées.

L'enfer, c'est les autres

Faute de parvenir à explorer toutes les voies scénaristiques offertes par son postulat claustrophobique, le film trouve refuge dans le glauque, le violent, le sordide… Gens n’en est pas à son coup d’essai en ce domaine (Frontière(s) en témoigne), mais l’on finit par se demander si cette accumulation d’hystérie, de tortures, de sang, de viols et de déviances en tout genre n’est pas une espèce de signature du cinéaste, masquant une manifeste incapacité à transcender une situation d’enfermement forcée. En pareille circonstance, Vincenzo Natali avait su nous éblouir avec les trouvailles de Cube. Certes, l’axiome cher à Jean-Paul Sartres, selon lequel « l’enfer, c’est les autres », s’illustre dans toute sa trivialité dans The Divide. Mais l’exercice finit par sembler vain, et les personnages auxquels on souhaitait s’attacher finissent par nous indifférer, y compris la belle héroïne incarnée avec charisme par Lauren German. Ce constat est d’autant plus regrettable que Xavier Gens démontre un indéniable talent dans le registre de la poésie visuelle désenchantée et surréaliste, comme en attestent les dernières images du métrage.

© Gilles Penso

Partagez cet article