GHOSTS OF MARS (2001)

John Carpenter nous emmène sur la planète rouge où il combine ses trois genres favoris : le western, l'horreur et la science-fiction

GHOSTS OF MARS

2001 – USA

Réalisé par John Carpenter

Avec Natasha Henstridge, Ice Cube, Jason Statham, Clea DuVall, Pam Grier, Joanna Cassidy, Richard Cetrone, Rosemary Forsyth

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA JOHN CARPENTER

A l’aube du vingt et unième siècle, Hollywood s’est aussi subitement qu’éphémèrement passionné pour la planète Mars, comme en témoignent notamment Mission to Mars et Planète Rouge. Dans la même mouvance, John Carpenter s’est lancé dans Ghosts of Mars, l’occasion pour lui de combiner ses trois genres de prédilection : le western, la science-fiction et l’horreur. Le récit se situe 500 ans dans le futur, sur la planète écarlate, et met en vedette une unité de police dirigée par Melanie Ballard (la sculpturale Natasha Henstridge, ex-Mutante, remplaçant Courtney Love à la dernière minute). Leur mission : transférer un dangereux prisonnier nommé Desolation Williams (Ice Cube). Mais lorsqu’ils arrivent dans la petite ville de Chryse, ils constatent que tout le monde ou presque a été assassiné par une horde de sauvages inhumains armés jusqu’aux dents. Ceux-ci sont en réalité d’anciens ouvriers possédés par l’esprit des Martiens, et dont le but est d’éliminer purement et simplement la race humaine.

Tourné intégralement de nuit au Nouveau-Mexique, le film, raisonnablement distrayant, regorge de réminiscences à l’univers de Carpenter. Le commissariat de police violemment assiégé évoque évidemment Assaut, l’entité extra-terrestre qui voyage de corps en corps nous renvoie bien sûr à The Thing, et les batailles rangées entre les héros et les bandes meurtrières rappellent celles de New York 1997 et Los Angeles 2013 (avec en prime un nouveau personnage haut en couleur incarné par Pam Grier). Ces dernières séquences sont d’ailleurs joliment chorégraphiées, et se permettent quelques écarts gore surprenants, notamment bon nombre de mutilations et de décapitations à coup de projectiles tranchants. Carpenter profite également de cette histoire de Martiens antédiluviens influençant le comportement des humains pour rendre une nouvelle fois hommage à l’un de ses films de chevet, Les Monstres de l’espace, dont il fit quasiment un remake avec Prince des ténèbres.

Des flash-backs dans des flash-backs

Assez curieusement, Ghosts of Mars adopte le choix d’une narration complète en flash-back, Melanie Ballard racontant sa mésaventure à un juge martial. Ce parti pris, pas vraiment justifié, ôte de plus un enjeu au film : jamais le spectateur ne s’inquiète du sort de la belle policière, puisqu’il sait qu’elle a survécu à toutes les épreuves qu’elle relate. Plus bizarrement, au sein même de ce grand flash-back, de nombreux autres flash-backs s’insèrent, chaque personnage racontant des événements auxquels il a assisté, jusqu’à ce que l’intrigue se perde dans des tiroirs narratifs qui relèvent plus du gimmick que de la trouvaille scénaristique. Prolongeant les expérimentations qu’il avait inaugurées dans Vampires, John Carpenter truffe désormais sa mise en scène de fondus enchaînés à la John Woo qui, eux aussi, semblent faire office de gadgets esthétique dans la mesure où leur usage excessif ne renforce en rien à l’impact du film. Quant au dénouement, il s’avère à la fois illogique, expéditif et dénué de la moindre finesse. Malgré tout, Ghosts of Mars relève le niveau d’un Los Angeles 2013 et d’un Vampires qui avaient placé la barre assez bas malgré quelques poignées de séquences assez jouissives. Un John Carpenter pas vraiment imperissable donc, mais efficace, bien rythmé, et qui se regarde d’un bout à l’autre sans déplaisir. C’est déjà pas mal.

 

© Gilles Penso

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