HORRIBLE (1982)

Joe d'Amato retrouve George Eastman, l'acteur principal d'Anthropophagous, pour un nouveau slasher ultra-gore

ROSSO SANGUE

1982 – ITALIE

Réalisé par Joe d’Amato

Avec George Eastman, Annie Belle, Charles Borromel, Katya Berger, Kasimir Berger, Hanja Kochansky, Ian Danby 

THEMA TUEURS

Fidèle à son réalisateur fétiche Joe d’Amato, George Eastman incarne ici une variante du monstre cannibale d’Anthropophagous. On sent bien d’ailleurs que l’outrance du jeu d’Eastman et l’excès des séquences gore s’efforcent de retrouver la recette qui fit du film précédent une œuvre culte. Le lien entre les deux films n’a rien de scénaristique (puisqu’ils racontent deux histoires totalement distinctes) mais une filiation artificielle est cependant entretenue par plusieurs éléments, l’un d’eux consistant à doter le personnage incarné par Eastman d’un patronyme à consonance grecque (Mikos Stenopolis) très proche de celui de l’anthropophage qui se mangeait lui-même deux ans plus tôt (Nikos Karamanlis). Dans certains pays, Horrible se nomme d’ailleurs Anthropophagous 2. Mais qu’on ne s’y trompe pas, le cannibale fou est bien mort à la fin d’ Anthropophagous.

Ici, Eastman est un colosse au regard fou qui, dès le début du métrage, court comme un dératé pour échapper à un mystérieux poursuivant, escalade une grille et s’empale. Le ventre ouvert, les entrailles pantelantes, il est hospitalisé dans un état critique. Mais quelques minutes plus tard, sa santé s’améliore miraculeusement. L’identité de l’homme qui le prenait en chasse est alors révélée. C’est un prêtre, qui s’efforce de cesser les exactions de Stenopolis, fruit d’une expérience secrète du Vatican cherchant à percer les secrets de l’immortalité. Désormais indestructible et capable de régénérer ses cellules, leur cobaye s’est également mué en tueur psychopathe. Ce dernier s’échappe de l’hôpital et sème un terrible massacre dans les parages…

L'outrance excessive des scènes de meurtres

Le postulat n’est pas inintéressant, mais Horrible est une œuvre souvent poussive qui peine à développer cette idée scénaristique imaginée par George Eastman lui-même. Le spectateur s’y ennuie ferme, attendant patiemment les scènes d’horreur qui interviennent à un rythme régulier pour le réveiller de sa torpeur. Gratinées et inventives (une infirmière trépanée, un boucher au crâne tranché par une scie électrique, une pioche plantée dans la tête d’une jeune femme, une autre dont le visage est brûlé vif dans un four), elles souffrent d’effets spéciaux souvent maladroits (la peau fleure bon le plastique et le sang a d’évidentes allures de peinture) et ne bénéficient aucunement de la poésie macabre dont Dario Argento ou Lucio Fulci savaient nimber leurs œuvres les plus extrêmes. Le premier degré prime ici, avec un manque de recul qui laisse pantois. Ce sont pourtant ces séquences horrifiques qui, par leur outrance et leur manque total de retenue, valent le détour, et permirent à Horrible de devenir l’un des titres vedettes des vidéoclubs en 1983. Les usagers savaient à l’époque faire bon usage de leur télécommande, et la touche accéléré était salutaire pour éviter de subir les scènes inutiles et interminables qui ponctuent le film, comme ces gens qui n’en finissent pas de regarder un match de foot à la télé en mangeant des spaghettis ! Un beau climax détournant l’imagerie du conte de fées (l’ogre contre la jeune fille) clôt cependant cet œuvre atypique, que d’Amato signa sous le pseudonyme Peter Newton, et qui sortit aux Etats-Unis sous le titre Absurd… Titre qui, avouons-le, lui va comme un gant !

 

© Gilles Penso

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