LA COURSE A LA MORT DE L’AN 2000 (1975)

Cette variante satirique, cynique et politiquement très incorrecte des thèmes développés dans Rollerball oppose David Carradine et Sylvester Stallone

DEATH RACE 2000

1975 – USA

Réalisé par Paul Bartel

Avec David Carradine, Sylvester Stallone, Simone Griffeth, Mary Woronov, Roberta Collins, Martin Kove, Louisa Moritz, John Landis

THEMA FUTUR

L’idée de La Course à la mort de l’an 2000 est d’abord née sous forme d’une courte histoire écrite par Ib Melchior. Roger Corman se la réappropria, envisageant d’en faire un thriller futuriste sérieux. Mais à la réflexion, un traitement humoristique lui parut mieux servir les thématiques du film, et c’est dans cette voie qu’il poussa les scénaristes Robert Thom et Charles Griffith. En l’an 2000, les Américains sont passés par bien des années de disette, de dépression et de guerre. L’une des grandes attractions est désormais la « Course Transcontinentale », à laquelle participent les véhicules les plus fous, bricolés et transformés en machines de mort par leurs pilotes. L’enjeu de cette course, qui n’est pas une simple compétition de vitesse, est de massacrer le plus de spectateurs et de badauds possibles. Les points se comptent en cadavres, les enfants et les vieillards rapportant les plus grandes mises !

L’un des coureurs favoris est, comme toujours, le dénommé Frankenstein (David Carradine). Mille fois accidenté, mille fois refait et recousu, toujours masqué. Sans compter que Frankenstein est un ami intime du tout-puissant président, un parfait dictateur qui encourage chaque année cette compétition impitoyable. Face à Frankenstein concourt « Mitraillette » Joe Viterbo (Sylvester Stallone), un dur qui n’a rien à envier à son concurrent. Mais cette année, un groupe de résistants va tenter de saboter la course et de renverser le gouvernement. Parmi eux se trouve Annie Smith (Simone Griffeth), la coéquipière de Frankenstein, qui va tenter de lui porter le coup fatal.

Les fous du volant

Contemporaine de Rollerball, avec lequel elle présente bon nombre de points communs, cette Course à la mort de l’an 2000 est aussi une préfiguration satirique et futuriste de L’Équipée du Cannonball (1981) tout en s’inspirant visiblement du fameux cartoon Les Fous du volant d’Hanna et Barbera (1968). Il faut dire que le film de Paul Bartel s’amuse à faire concourir les individus et les véhicules les plus excentriques qui soient (principalement des Volkswagen entièrement redécorées). En plus de Frankenstein (tout de noir vêtu et capé comme un super-héros du plus bel effet) et de Joe Viterbo (aux allures de gangster des années 30), on trouve ainsi Néron (dont la coéquipière arbore un décolleté affriolant), Calamity Jane (et sa voiture-taureau), et même un couple de nazis. Le film, pétri d’humour noir et n’épargnant pas les morts sanglantes tout au long de sa course folle, s’amuse aussi à passer au vitriol le sport, la politique et la télévision. Quelques peintures sur verre maladroites, conçues à bas prix par le studio de Roger Corman, permettent de transformer un stade normal en tribunes futuristes. Toujours ingénieux lorsqu’il s’agit de faire des bénéfices, Corman revendit à un musée de l’automobile la plupart des voitures customisées spécialement pour le film, pour trois ou quatre fois leur prix initial. Lors de sa ressortie sur les écrans français dans les années 80, La Course à la mort de l’an 2000 fut rebaptisé Les Seigneurs de la route en axant tout le matériel publicitaire sur Sylvester Stallone, mué entre-temps en superstar grâce à Rocky et Rambo.

 

© Gilles Penso

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