LE CHOC DES TITANS (2010)

Malgré toute la bonne volonté de Louis Leterrier, ce remake à grande échelle peine à retrouver la magie naïve de son modèle

CLASH OF THE TITANS

2010 – USA

Réalisé par Louis Leterrier

Avec Sam Worthington, Liam Neeson, Ralph Fiennes, Jason Flemyng, Gemma Arterton, Alexa Davalos, Mads Mikkelsen

THEMA MYTHOLOGIE

Fan du Choc des Titans original depuis son enfance et chouchou des grands studios grâce au succès de L’Incroyable Hulk, Louis Leterrier s’attaqua à ce remake après le désistement de Stephen Norrington (Blade). Rasé de près comme un G.I. anachronique, Sam Worthington incarne Persée, fils de Zeus et d’une mortelle dont la famille d’adoption fut massacrée à cause du dieu des enfers Hadès. Îvre de vengeance, il mène une troupe de soldats aux confins du monde pour trouver le moyen de détruire le Kraken, un monstre abominable créé par Hadès. Si Persée et ses hommes échouent, le Kraken ravagera la cité d’Argos, à moins que la belle princesse Andromède ne soit livrée à ses appétits.

La trame principale du premier Choc des Titans a donc été respectée, mais les motivations des protagonistes ont considérablement évolué. Car si le Persée de 1981, amoureux d’Andromède, acceptait sagement l’aide de Zeus pour sauver sa dulcinée, celui de 2010 est un homme en colère. La princesse en péril n’est qu’un prétexte, sa quête prenant la tournure d’une crise d’adolescence tardive. Persée refuse en effet l’autorité parentale pour pouvoir s’affirmer en tant qu’homme. Rejetant la part de divinité qui coule dans ses veines, il lutte contre les obstacles dressés sur sa route mais aussi contre sa propre dualité. Ce thème passionnant s’efface hélas sous les traits bruts d’un scénario qu’on eut aimé moins mécanique. A ce titre, les interventions artificielles de la demi-déesse Io (Gemma Arterton) et des exaspérants faire-valoir comiques incarnés par Ashraf Barhom et Mouloud Achour laissent perplexe.

Un Kraken très impressionnant

Ces réserves à part, il faut reconnaître à Louis Leterrier un indéniable savoir-faire dans le domaine du grand spectacle. La quasi-totalité du bestiaire imaginé en 1980 par Ray Harryhausen est de retour, relooké par le designer Aaron Sims (Je suis une légende). Les gigantesques scorpions bénéficient ici d’un hyperréalisme étourdissant, les sorcières du Styx et le nocher des enfers Charon arborent d’hideux faciès qui semblent empruntés à l’univers de Guillermo del Toro, le cheval Pégase s’élance dans les airs avec la même grâce que son aîné (même si ici, bizarrement, son pelage a viré au noir) et la femme serpent Méduse préside une belle scène de suspense, rampant à vive allure autour de ses victimes pour mieux les piéger. Certes, plusieurs maladresses entravent l’impact des monstres, notamment le montage épileptique du combat contre les scorpions qui rend la plupart des actions illisibles, ou la texture numérique peu réaliste de la Méduse, calquée sur le corps du top model Natalia Vodianova. Mais l’ampleur du spectacle n’en souffre pas outre-mesure. Le morceau de bravoure du film réside cependant dans son climax, l’intervention du Kraken coupant le souffle grâce au magnifique design de la créature mais aussi à la démesure de son anatomie tentaculaire n’en finissant plus d’émerger des flots. Perfectible mais très divertissant, ce Choc des Titans remplit donc son cahier des charges, nous offrant au passage quelques seconds rôles prestigieux tels que Liam Neeson, Ralph Fiennes, Pete Postlethwaite et Mads Mikkelsen.  

 

© Gilles Penso

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