LES AMOURS D’HERCULE (1960)

Une aventure mythologique riche en monstres et en péripéties dans laquelle Jayne Mansfield fait les yeux doux au fils de Zeus

GLI AMORI DI ERCOLE

1960 – ITALIE / FRANCE

Réalisé par Carlo Ludovico Bragaglia

Avec Mickey Hargitay, Jayne Mansfield, Massimo Serato, René Dary, Moira Orfei, Gil Vidal, Sandrine, Rossela Como

THEMA MYTHOLOGIE I DRAGONS I VEGETAUX

Les Travaux d’Hercule et Hercule et la reine de Lydie furent de jolis succès au box-office, incitant bon nombre de producteurs italiens à s’emparer à leur tour du mythe. D’où Les Amours d’Hercule, qui capitalise sur la présence de la sculpturale Jayne Mansfield. Profitant qu’Hercule soit occupé à l’un de ses travaux, le roi Enée fait attaquer son village et assassiner son épouse Mégarée. Le demi-dieu défonce alors les portes du palais avec un tronc d’arbre pour provoquer Enée en combat singulier. Mais le roi a été tué par son conseiller Lycos – le fourbe de l’histoire – et Hercule n’a que sa fille Déjanire à se mettre sous la dent. Le deuil ne pesant pas trop lourd sur ses épaules, il se laisse séduire par la souveraine et la sauve même de l’attaque d’un taureau qui s’apprêtait à la piétiner. Mais il déchante en apprenant qu’elle est déjà fiancée à Achelous. Lycos voit là un bon prétexte pour semer la discorde et s’emparer du trône. Il organise l’assassinat d’Achelous et fait retomber le crime sur le fils de Zeus.

Il faut bien avouer que les premières péripéties des Amours d’Hercule s’avèrent assez absurde, d’autant que la finesse du jeu de Mickey Hargitay, dans le rôle titre, est toute relative. Le film bascule enfin dans le fantastique lorsqu’Hercule atteint « la gorge de l’Enfer » et pénètre dans la grotte de l’Hydre de Lerne, qui prend ici les allures d’un dragon tricéphale. Le monstre n’est qu’une grande marionnette de parc d’attractions aux mouvements mécaniques assez limités, mais son intervention demeure l’un des meilleurs moments du film. D’où le titre américain du film : Hercules vs. The Hydra. Une autre scène mémorable s’ensuit, celle où Hyppolite, la reine des Amazones, transforme ses anciens amants en arbres. Le réalisateur nous offre le spectacle surréaliste d’arbres plus ou moins anthropomorphes animés de mouvements vaguement humains sur une colline sinistre et enfumée. Pour séduire Hercule, Hyppolite avale un philtre magique qui la dote de l’apparence de Déjanire. Notre pauvre culturiste en jupette ne sait alors plus où donner de la tête.

Dragons, yétis et hommes-arbres

Le scénario gagne peu à peu en intérêt au fil des fourberies de Lycos et d’Hyppolite, laquelle finira ses jours dans l’étreinte d’un des hommes-arbres qu’elle a créés, tandis qu’Hercule repart, tous muscles saillants, à la rescousse de la belle Déjanire. La bataille finale s’achemine vers un dénouement prévisible, mais le film nous réserve un ultime rebondissement avec l’intervention improbable d’un homme singe de deux mètres de haut aux allures de yéti hargneux qui, tel un deus ex machina, surgit pour occire Lycos. Ainsi les vilains ne sont-ils pas ici défaits par Hercule mais par des créatures surnaturelles, comme si les dieux donnaient un petit coup de pouce à un héros pas assez entreprenant à leur goût. Le monstre velu joue un petit remake de La Belle et la Bête en s’ébaubissant face à la grâce de Déjanire, jusqu’à ce qu’Hercule ne s’engage avec lui dans un combat de catch pataud et n’emporte enfin sa promise sur son fier destrier, aux accents d’une partition lourdement chargée en chœurs masculins. Les Amours d’Hercule n’apporte pas grand-chose au mythe, certes, mais c’est un spectacle honorable qui s’apprécie sans déplaisir ni langueur.


© Gilles Penso

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