LES IMMORTELS (2011)

Le futur Superman de Zack Snyder incarne Thésée dans cette interprétation libre de la mythologie grecque

IMMORTALS

2011 – USA

Réalisé par Tarsem Singh

Avec Henry Cavill, Mickey Rourke, Stephen Dorff, Freida Pinto, Luke Evans, John Hurt, Isabel Lucas, Kellan Lutz, Joseph Morgan 

THEMA MYTHOLOGIE

C’est le succès de 300 qui présida à la naissance du projet Les Immortels. Soucieux de retrouver les ingrédients qui composèrent l’épopée de Zack Snyder, les producteurs Mark Canton et Gianni Nunnari se penchèrent vers la mythologie grecque, remise au goût du jour par le remake du Choc des Titans, et engagèrent un réalisateur au style visuel très marqué, en l’occurrence Tarsem Singh (The Cell). Les Immortels partage ainsi avec 300 les combats sanglants privilégiant les actions au ralenti, le courage sans faille de guerriers galvanisés face à un agresseur mille fois plus puissant, les muscles bombés, les décors aux allures de peintures de la Renaissance, les effets visuels omniprésents et le basculement dans le fantastique pur. Tarsem cherche malgré tout à s’approprier le matériau légendaire de manière suffisamment personnelle pour y injecter des éléments autobiographiques. Ainsi les rapports complexes qu’il entretient avec la foi religieuse (il est athée alors que sa mère a toujours prié avec ferveur pour sa réussite) se retrouvent-ils injectés respectivement dans le personnage de Thésée et de sa génitrice.

L’une des meilleures idées du film consiste à avoir confié à Mickey Rourke le rôle du sanguinaire roi Hyperion. Révolté contre les dieux qui ont laissé périr sa famille, ce colosse sans foi ni loi, à la tête d’une armée impitoyable, a décidé de libérer les Titans, enfermés au cœur du Mont Tartare, afin de faire chuter l’Olympe et de régner sur l’humanité. Chacune des apparitions de l’ancienne star d’Angel Heart fait froid dans le dos, sa voix caverneuse, sa corpulence impressionnante et son regard noir magnétisant immédiatement les spectateurs tout en suscitant un climat de menace sourde et palpable. Face à lui, Henry Cavill ne démérite pas dans la peau de Thésée. Transfuge de l’excellente série Les Tudors, il prête son physique sculptural au valeureux héros, un rôle qui constituera le starting-block de sa future prestation dans Man of Steel réalisé par… Zack Snyder justement.

Où sont les monstres ?

Souvent somptueux d’un point de vue graphique (et aussi musical par l’entremise de la puissante partition cuivrée de Trevor Morris), Les Immortels aborde l’histoire de Thésée en évacuant ses aspects les plus classiques. Les monstres et merveilles inhérents à la mythologie grecque se voient ainsi réserver la portion congrue, comme ces Titans visualisés ici sous forme de simples guerriers humanoïdes se distinguant simplement par une vitesse d’action inhabituelle et des grognements bestiaux, ou le fameux Minotaure qui n’est plus ici qu’un lutteur bodybuildé affublé d’un casque métallique en forme de tête de taureau ! Quant au labyrinthe de Minos et à la douce Ariane, ils brillent ici par leur absence. Ces écarts avec le mythe initial ne seraient guère rédhibitoires si Tarsem Singh n’avait osé doter les dieux de l’Olympe d’attributs aussi grotesques. Comment ne pas sourire face à ces post-ados épilés de près aux pectoraux gonflés, coiffés de casques improbables et dotés de pouvoirs de super-héros ? Les Immortels ne convainc donc qu’à moitié, mais il rachète ses maladresses narratives et artistiques par quelques fulgurances sublimement lyriques.

© Gilles Penso

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