OCTOPUSSY (1983)

James Bond enquête sur un trafic d'objets de luxe qui camoufle le projet plus inquiétant d'un vol de bombe atomique

OCTOPUSSY

1983 – GB

Réalisé par John Glen

Avec Roger Moore, Maud Adams, Louis Jourdan, Kristina Wayborn, Kabir Bedi, Steven Berkoff, Robert Brown, Douglas Wilmer

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA JAMES BOND

Sous les traits vieillissants de Roger Moore, l’agent 007 enquête ici sur la vente aux enchères sur les marchés internationaux de plusieurs œufs de Fabergé, des joyaux rares. On en retrouve un faux entre les mains de l’agent 009 tué en Allemagne de l’Est. Incarné avec charisme par Robert Brown après le décès du vénérable Bernard Lee, « M » envoie James Bond assister à la vente de l’un des œufs, acheté à un prix exorbitant par Kamal Khan (Louis Jourdan, un méchant qui manque singulièrement de panache). Celui-ci remplace les originaux par des faux. Son gang de voleurs de bijoux est dirigé par la riche et belle Octopussy (Maud Adams, déjà James Bond girl dans L’Homme au pistolet d’or), camouflant ses activités sous le couvert d’un cirque voyageant dans son propre train d’Est en Ouest. Le vrai méchant du film est en fait le général Orlov, cerveau de toute cette préparation, qui compte dérober une bombe atomique dans une base américaine.

Rien que pour vos yeux, réalisé deux ans plus tôt, retrouvait l’ambiance d’espionnage pur et dur des premières aventures de James Bond, tandis que Dangereusement vôtre, sorti deux ans plus tard, allait à nouveau se laisser griser par les excès science-fictionnels, la démesure et l’auto-parodie. Octopussy se situe entre ces deux tendances, empruntant son titre évocateur à une nouvelle d’Ian Fleming. Sans rapport avec le texte initial, l’intrigue penche vers le thriller classique (la mort de 009, le trafic de bijoux, la chasse à l’homme en Inde) et se traîne même un peu dans sa première partie. Mais les scénaristes ne résistent pas au monde menacé par une bombe atomique, à l’île paradisiaque peuplée de femmes sculpturales, et à des clins d’œils humoristiques dépassant en outrance ceux – pourtant gratinés – de Moonraker. Il faut entendre James Bond se balancer au bout d’une liane en poussant le cri de Tarzan !

Le cri de Tarzan

La scène prégénérique, servie par des effets visuels magistraux, est un petit chef d’œuvre de dérision et d’action. On y voit Bond à bord d’un mini-jet monoplace, poursuivi par un missile à tête chercheuse. Plus tard, en Inde, on ne peut s’empêcher de penser à Indiana Jones et le temple maudit, tant les décors, les personnages et même les animaux semblent annoncer le film de Spielberg. C’est finalement un juste retour des choses, dans la mesure où le père d’E.T. rêvait de réaliser lui-même un James Bond, à l’époque de Rien que pour vos yeux, avant que George Lucas ne lui propose de réaliser Les Aventuriers de l’Arche Perdue. Le roi de la cascade Rémy Julienne nous offre cette fois une hallucinante poursuite en triporteurs au beau milieu d’un marché indien. « Pour pouvoir se cabrer et sauter, ces véhicules étaient entièrement modifiés dans nos ateliers », raconte Julienne, « parce que si nous les avions utilisés tels quels, ils n’auraient jamais dépassé les quinze kilomètres à l’heure. Pas terrible pour une poursuite censée être spectaculaire ! » (1) De retour derrière le pupitre après l’interlude proposé par Bill Conti dans le film précédent, John Barry compose pour Octopussy une partition plus axée sur la romance que sur l’action, dotant notamment le James Bond Theme d’une réorchestration pour cordes et cuivres du meilleur effet.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en février 1998

 

© Gilles Penso

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