THE POSTMAN (1997)

Sept ans après Danse avec les loups, Kevin Costner se lance dans un ambitieux western post-apocalyptique

THE POSTMAN

1997 – USA

Réalisé par Kevin Costner

Avec Kevin Costner, Will Patton, Olivia Williams, Larenz Tate, James Russo 

THEMA FUTUR

L’année 1990 voit le sacre foudroyant d’un grand cinéaste : le pseudo-western Danse Avec Les Loups séduit les foules et critiques de tous horizons par sa mise en scène brillante et son propos universel (réinvesti à l’envi, entre autres par James Cameron dans son Avatar). Le cinéma américain regorge de ces essais, plus ou moins transformés, où des acteurs s’improvisent réalisateurs – mais peu auront d’emblée fait l’unanimité comme Kevin Costner. Dès lors, asseyant par là même son statut de star planétaire, l’homme se trouve attendu au tournant. Il enchaîne les grands succès en tant que comédien et souvent producteur, mais ce n’est que sept ans plus tard, avec le post-apocalyptique The Postman, qu’il récidive officiellement derrière la caméra. Perdu dans un monde à l’agonie où seuls subsistent de petits îlots de civilisation terrorisés par la secte armée des « holnistes », un vagabond sans idéal y subit une traversée du désert littérale qui le conduira à devenir – bien malgré lui – le symbole de l’espoir retrouvé. Et ce… en livrant le courrier !

Pour beaucoup, la déception est au rendez-vous et le film se fait d’abord massacrer par bon nombre de critiques, bouder par le plus large public, puis relativement oublier par tout le monde… Sans doute la faute à une ambition démesurée pas toujours bien perçue, à un trop grand écart formel avec le premier chef d’œuvre de Costner (en surface seulement) et surtout, pour le public mondial, à un « I believe in the United States » mal digéré – comme souvent. Il faudra encore six longues années à la vedette pour se remettre de cet échec (juste derrière celui de Waterworld dont il a lui-même supervisé la plus grande partie) et réaliser l’excellent Open Range dans son genre de prédilection. Ce genre, c’est évidemment le western – et contre les apparences The Postman en est un. Du reste, quel western ! Partant de la figure de « l’étranger » dérivée de Clint Eastwood pour s’achever sur le film de cavalerie façon John Ford en passant par John Sturges (Les 7 Mercenaires), John Wayne (Alamo) et bien d’autres, il profite également de son enrobage SF pour brasser les ersatz les plus fameux du film de cow-boys, du Mad Max 2 de George Miller (déjà cloné d’autre manière dans Waterworld) au tout récent Los Angeles 2013 de Carpenter, de Le Lion Et Le Vent de John Milius à sa propre version de Robin Des Bois, Prince Des Voleurs mise en boîte quelques temps plus tôt par Kevin Reynolds – au détour de nombreuses séquences-citations, ou plus généralement de choix qui ne trompent pas dans la direction artistique.

Un certain héritage moral et esthétique

Un tel brassage force autant le respect qu’il risque l’embourbement. Chacun se fera son opinion là-dessus. On peut tout de même affirmer que l’entreprise n’a jamais la prétention d’inventer la poudre, mais toujours la volonté de transmettre le mieux possible un certain héritage moral et esthétique. De prime abord, eu égard à cet idéalisme, ce classicisme, ce sens de l’humour très particulier, cette puissance iconique et cette obsession des valeurs traditionnelles véhiculés par son cinéma, on n’attend pas forcément Kevin Costner dans le registre de la science-fiction, plus sophistiqué et moins directement historique. En toute logique, The Postman ne constitue pas une date dans le cinéma de science-fiction mais rappelle de façon inattendue, et avec un incontestable panache, que Costner est sans doute ce qui est arrivé de mieux au western durant les années 1990 !

 

© Morgan Iadakan

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