VAN HELSING (2004)

Le célèbre chasseur de vampires a pris le visage de Hugh Jackman dans cette épopée foisonnante où Stephen Sommers confond hélas générosité et indigestion

VAN HELSING

2004 – USA

Réalisé par Stephen Sommers

Avec Hugh Jackman, Kate Beckinsale, Richard Roxburgh, David Wenham, Shuler Hensley, Elena Anaya, Kevin J. O’Connor

THEMA DRACULA I FRANKENSTEIN I JEKYLL & HYDE I LOUPS-GAROUS I VAMPIRES

Très satisfait de ses deux versions de La Momie, Stephen Sommers s’est mis en tête de poursuivre son hommage aux films de monstres de la Universal avec ce Van Helsing qui ressemble à une véritable réunion de famille. En effet, on y trouve Dracula, Frankenstein et son monstre, des loups-garous, des femmes-vampires, le serviteur Igor, Jekyll et Hyde… Il ne manquerait plus que l’étrange créature du lac noir et l’homme invisible pour que la fête soit complète ! Le prologue est un véritable hommage à l’âge d’or. Tout y est : l’image en noir et blanc, le laboratoire électrique du docteur Frankenstein, l’étincelle de vie qui anime sa créature, l’apparition d’un Dracula très théâtral, les villageois en colère armés de torches, la fuite dans le moulin planté dans une campagne très expressionniste, le grand incendie final… Puis l’action se transporte un an plus tard, à Paris, où sévit le héros du titre, un hors-la-loi chasseur de monstres à qui Hugh Jackman prête ses traits de jeune Clint Eastwood. Nous le découvrons en plein pugilat avec un Mister Hyde colossal dont le look évoque immanquablement celui de La Ligue des gentlemen extraordinaires : la même carrure à la Hulk, le même comportement simiesque, les mêmes grognements, les mêmes favoris. Mais si, dans le film de Stephen Norrington, il était associé au crime de la rue Morgue imaginé par Edgar Poe, ici c’est carrément un émule du Quasimodo de Victor Hugo, et son affrontement avec Van Helsing prend tout naturellement place sur les toits de Notre Dame.

A peine a-t-on le temps de souffler que nous voilà dans les souterrains secrets du Vatican, et là Stephen Sommers nous refait James Bond : l’ordre de mission avec diapositives à l’appui, puis la visite de l’armurerie et des gadgets. L’action se transporte ensuite en Transylvanie, où Van Helsing rencontre enfin son adversaire de toujours : le comte Dracula. Celui-ci s’est installé dans le château de Frankenstein pour lui voler le secret de la vie artificielle et donner ainsi naissance aux milliers de rejetons qu’il a engendrés avec ses femmes-vampires. Il s’adjoint à cet effet les services d’Igor, ancien assistant du docteur, ainsi que d’un loup-garou et d’étranges gnomes équipés de masques à gaz. Van Helsing va donc mener le combat de sa vie, aux côtés de la belle gitane Anna Valerious.

Action excessive et monstres numériques

Le film n’est pas exempt de morceaux de bravoure, notamment l’attaque du village par les enfants de Dracula (des gargouilles hideuses aux allures de Gremlins), les envolées des femmes-vampires tour à tour beautés en chemise de nuit ou furies mi-humaines mi-chauves-souris, ou les interventions d’un monstre de Frankenstein au look particulièrement réussi. Pour le reste, Van Helsing accumule des séquences d’action incongrues, des effets spéciaux excessifs, des images de synthèses omniprésentes, avec une telle démesure et une telle outrance que rien n’est crédible. Du coup, l’épouvante classique à laquelle le film est censé se référer s’estompe rapidement au profit d’une dynamique de jeu vidéo inventive mais sans charme. Sans compter l’incroyable fadeur du comédien Richard Roxburgh qui incarne sans charisme ni conviction le comte Dracula. Bref, nous sommes bien loin de la folie rafraîchissante des œuvres chorales d’Erle C. Kenton.

 

© Gilles Penso

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