STARDUST (2007)

Le futur réalisateur de Kick-Ass, X-Men le commencement et Kingsman nous offre un conte de fées jubilatoire et décalé…

STARDUST

 

2007 – USA / GB

 

Réalisé par Matthew Vaughn

 

Avec Charlie Cox, Claire Danes, Michelle Pfeiffer, Robert de Niro, Mark Strong

 

THEMA CONTES

C’est au célèbre romancier Neil Gaiman que nous devons la bande-dessinée « Stardust », illustrée par Charles Vess et publiée par DC Comics en 1997. Sous l’impulsion de l’éditeur Avon, Gaiman réadapte son récit pour en faire un roman sans dessin qui paraît deux ans plus tard. Le cinéma s’intéresse bientôt à cette histoire, mais la transformation de « Stardust » en scénario n’est pas simple. Le traitement qu’écrit Ehren Kruger pour Bob Weinstein déplaît à l’écrivain qui récupère ses droits. Plus tard, c’est le réalisateur Terry Gilliam qui s’y intéresse, pour finalement se désister afin de partir réaliser Les Frères Grimm. Matthew Vaughn est le suivant sur la liste. Ce dernier est un producteur à succès (Arnaques crimes et botaniques, Snatch, À la dérive) qui vient de passer à la réalisation à l’occasion de Layer Cake. Stardust sera son second long-métrage. Épaulé par la co-scénariste Jane Goodman, que lui recommande Gaiman lui-même, Vaughn envisage Stardust comme une sorte de mixage étrange entre Princess Bride et Midnight Run. Doté d’un budget d’environ 80 millions de dollars et d’un casting mêlant les jeunes talents (Charlie Cox, Claire Danes) et quelques anciennes superstars sur le retour (Michelle Pfeiffer, Robert de Niro), le futur réalisateur de Kick-Ass et X-Men le commencement se fait plaisir… et nous fait plaisir par la même occasion.

Nous sommes dans l’Angleterre du 19ème siècle. Un grand mur a été édifié pour séparer le monde des humains et le royaume magique de Stormhold. Un jour, le villageois Dunstan Thorn (Ben Barnes) parvient à tromper la vigilance du gardien du mur et passe une nuit à Stormhold, où il rencontre la jeune esclave d’une sorcière (Kate Magowan) dont il s’éprend. De leur union naît Tristan. Dix-huit ans plus tard, ce dernier (Charlie Cox) semble avoir hérité du caractère intrépide de son père. Il promet en effet à sa bien-aimée de lui ramener une étoile tombée du ciel qu’ils ont vu chuter au-delà du mur. Or l’étoile a l’apparence d’une jeune fille, Yvaine (Claire Danes), qui est fort belle mais bien peu disposée à suivre Tristan jusque dans son village. Ce dernier l’oblige à la suivre en l’enchaînant, sans se douter que son parcours sera semé d’embûches…

Une étoile est née

La réussite de Stardust repose d’abord sur son casting impeccable. Charlie Cox (futur Daredevil) est parfait en jeune héros fougueux et naïf, tout comme Claire Danes en étoile candide tombée du ciel. Michelle Pfeiffer excelle en sorcière vile et hypocrite qui, chaque fois qu’elle utilise ses pouvoirs, voit sa peau vieillir (ce qui nous rappelle le sort réservé au sorcier du Voyage fantastique de Sinbad). Quant à Robert de Niro, il se révèle truculent en faux pirate patibulaire à la tête d’un équipage de voleurs de foudre dans son navire volant. D’autres visages familiers égaient le film de leur présence, comme Henry Cavill, Peter O’Toole, Mark Strong, Jason Flemyng, Ricky Gervais ou Rupert Everett (sans compter Ian McKellen qui assure la voix off du narrateur). Dans ce monde médiéval fantaisiste où l’égoïsme et la cupidité sont monnaie courante, les jeunes héros s’affirment comme les seuls personnages vraiment positifs. Quelques visions insolites ponctuent le métrage, notamment ces frères encore vivants qui traînent avec eux tous les fantômes des frères défunts, apparaissant dans l’état dans lequel ils ont été tués (façon Beetlejuice). Si la qualité des effets visuels est inégale, le film reste visuellement très audacieux, multipliant les idées de mise en scène étonnantes et dégageant même par moments une indéniable poésie, comme lorsqu’Yvaine scintille en proie à des émotions un peu plus fortes que les autres. Le film ne se départit jamais vraiment de ce second degré un peu insolent qui semble être l’apanage de son réalisateur, sans pour autant céder aux facilités du cynisme. Stardust est donc le fruit d’un mélange fragile et délicat à l’équilibre presque miraculeux.

 

© Gilles Penso


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