GODZILLA 1980 (1973)

Qu'elle semble loin l'époque du premier Godzilla d'Inoshiro Honda ! Désormais, le dinosaure radioactif partage l'affiche avec un super-héros en armure, un oiseau mutant et un dragon étoilé

GOJIRA TAÏ MEGARO

1973 – JAPON

Réalisé par Jun Fukuda

Avec Katshuhiko Sasaki, Yutaka Hayashi, Hiroyuki Kawase, Kanta Mori, Kataro Tomita, Wolf Ohtsuki, Robert Dunham

THEMA DINOSAURES I DRAGONS I SAGA GODZILLA

Toujours très sensibles à l’accueil du jeune public qui assure la majeure partie de leur chiffre d’affaires, les cadres de la Toho ont l’idée en 1972 de lancer un concours auprès des écoliers en leur demandant d’imaginer leur super-héros favori. Le vainqueur a donc la joie de voir son invention (un robot super-perfectionné à mi-chemin entre Ultraman et Spectreman) portée à l’écran dans une nouvelle aventure de Godzilla. Dans le film, le robot en question, rebaptisé Jet-Jaguar, est l’invention du jeune ingénieur Goro Ibuki. Malgré l’intervention musclée de son ami Hiroshi Jinkawa, des malfaiteurs cambriolent l’appartement du savant et volent le robot. Or ces bandits ne sont pas des humains ordinaires. Ils viennent du royaume de Cytopia, jadis englouti dans les océans il y a trois millions d’années, et ont décidé d’éradiquer la race humaine avant que celle-ci ne détruise la Terre avec la bombe nucléaire. Les Cytopiens vivent dans un décor improbable, aux allures d’Île de Pâque de studio, et portent des tenues de péplum, tandis que les femmes exécutent des chorégraphies risibles autour d’un trône en carton-pâte. Pour parvenir à leurs fins, ces vilains anachroniques lâchent à la surface de la Terre Mégalon, une sorte d’insecte géant improbable avec des foreuses à la place des bras et une espèce d’étoile de sapin de Noël qui brille au-dessus de sa tête. Lorsqu’il prend son envol, un vrombissement de fusée retentit. Grâce aux ultra-sons, nos héros reprennent le contrôle de Jet-Jaguar, qui s’en va prévenir Godzilla. Entre-temps, Mégalon casse tout ce qui est à sa portée et ridiculise l’armée. Jet-Jaguar vient donc l’affronter.

Par un processus technique inexpliqué, le gentil robot grandit d’un seul coup jusqu’à atteindre la taille voulue. Face à ce spectacle, le créateur de cette machine décidément pleine de ressources n’a qu’une explication : « sa détermination l’a certainement fait grandir ». Mais soudain surgit Gigan, tout juste échappé du film précédent. Son apparence beaucoup moins menaçante que dans Objectif Terre, Mission Apocalypse s’explique par la fabrication d’une toute nouvelle panoplie, la précédente ayant été sérieusement altérée pendant le tournage. Les deux bêtes féroces s’acharnent sur le valeureux robot, jusqu’à l’arrivée triomphale de Godzilla (au bout d’une heure de métrage, il était temps !). La bataille qui s’ensuit traîne en longueurs, les monstres encerclant nos justiciers géants en provoquant un incendie tandis que les héros humains contemplent le spectacle dans une série d’inserts très artificiels. 

« Jet Jaguar, tu es notre héros ! »

Au petit matin, le combat devient franchement absurde. Les méchants y sont en effet éliminés à coups de pieds avant de s’enfuir la queue entre les pattes, tandis qu’une musiquette à la guitare et à la flûte détend l’atmosphère. Godzilla et Jet Jaguar se serrent alors chaleureusement la main, Godzilla regagne ses pénates, le robot reprend sa taille initiale, et tout le monde rentre à la maison en riant.  A peine le spectateur a-t-il le temps de se remettre de ses émotions que retentit la chanson du générique de fin : « C’est bel et bien un robot créé par l’homme. Jet Jaguar ! Jet Jaguar ! Tu es notre héros. Tu vas sauver la paix du monde entier. Tu feras preuve de courage. Godzilla et Jaguar, punch, punch, punch ! Ne pleurons pas ! Devenons aussi forts que toi ! » Les poètes apprécieront.

 

© Gilles Penso

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