HERCULE (2014)

Brett Ratner à la réalisation, The Rock en tête d'affiche… Autant dire que cette relecture du mythe d'Hercule ne cherche pas la finesse !

HERCULES

2014 – USA

Réalisé par Brett Ratner

Avec Dwayne Johnson, Rufus Sewell, Ingrid Bolso Berdal, John Hurt, Aksel Hennie, Reece Ritchie, Ian McShane, Joseph Fiennes, Peter Mullan, Irina Shayk

THEMA MYTHOLOGIE

Le colosse mi-dieu mi-barbaque Hercule se paye un second long-métrage ciné en l’espace de quelques mois. Après la purge signée Renny Harlin (La Légende d’Hercule avec l’endive musculeuse Kellan Lutz), place à la version d’un autre illustre tâcheron hollywoodien : Brett Ratner. Tout un poème. Celui dont le seul nom suffirait à nous faire fuir d’une salle de cinéma, enrôle le mastoc Dwayne « The Rock » Johnson (nettement mieux que la pastèque Lutz) pour une nouvelle version du mythe visant le spectacle massif qui défonce à grands coups de bastons épiques où les tronches prennent cher, fendues en mille à coups de massues, épées, flèches, armes en fer qu’on sait pas comment ça s’appelle et tutti quanti. Et parce qu’un héros tout seul, c’est moins rigolo, le Hercule « ratnerien » est entouré d’une petite escouade badass composée d’une amazone sexy (Ingrid Bolso je-ressemble-à-Nicole-Kidman-jeune Berdal), de quelques trognes maquillées en conséquence (Rufus Sewell, Ian McShane ou Aksel Hennie) et d’un jeunot sympathique (Reece je-ressemble-à-ersatz-juvénile-du-footballeur-Falcao Ritchie). Amis de la jupette en cuir, des créatures mythologiques et du foutage guerrier sur la gueule, Hercule est servi à point. A table.

Dire que cette nouvelle « adaptation » est moins mauvaise que celle du voisin Harlin serait une Lapalissade. C’eut été compliqué de faire plus mauvais de toute manière. Dire qu’elle est excellente serait vous prendre pour des billes. On cause de Brett Ratner quand même. Non, ce Hercule se classe quelque-part dans un entre-deux finalement plutôt fendard. Pour faire clair, Hercule n’est pas un bon film. C’est un blockbuster particulièrement décérébré et capable d’envolées crétino-nanardesques à faire frémir les amateurs de cinoche intelligent et de qualité entre ses dialogues impayables, sa mise en scène fumiste et son écriture gourdasse. De même que son ton à mi-chemin entre le risible et le ridicule pourra rebuter les plus exigeants et les impatients attendant une minuscule lumière créative dans cette affaire, chose qui ne viendra jamais, avouons-le. Et c’est sans parler de ceux qui espéraient un vrai machin fidèle au mythologique alors qu’il ne s’agit au demeurant que d’un péplum d’action qui dépote. Et pourtant… Et pourtant, force est de reconnaître que l’on ne passe pas un si mauvais moment que ça devant cette grosse marrade fumeuse mais aussi furieusement détendue du slip. En réalité, avec ses ambitions de série B décomplexée et cool, son énergie distrayante et son absence de sérieux évident, Hercule arriverait presque à se révéler fun. Dire que le film est intelligemment pensé dans sa conception serait presque une hérésie tant il s’applique à s’amarrer à un second degré qui lui sauve la peau, s’autorisant toutes les audaces en assumant l’adage que le ridicule ne tue pas. Et ce qui ne tue pas rend plus fort. 

La déconstruction du mythe

Hercule est au final une énorme couillonnade du genre débilité qui régale. Ses défauts deviennent presque un entertainement à eux-seuls, son humour (oui, le film est drôle) lui ôte toute prétention mal placée, ses clichés et son écriture prévisible finissent par amuser surtout lorsque les personnages percutent ce que le spectateur a compris depuis genre douze ans, son parfum à l’ancienne fait des appels du pied roublards et ses scènes d’action, même si elles empilent les improbabilités, faux-raccords et portnawak patenté, éclatent au point qu’on se prêterait presque d’avoir envie d’applaudir les pitreries à l’écran. Et alors que Dwayne Johnson beugle, qu’Ingrid Bolso Berdal sautille comme un colibri en rut, que John Hurt est là sans trop savoir pourquoi, que Rufus Sewell essaie d’avoir l’air badass, que Joseph Fiennes joue les bad guy échappé d’un club de drag queen ou qu’Aksel Hennie promène sa tronche de grand brûlé, nous, on contemple, dans un mélange de consternation et d’exaltation face à gros spectacle bête comme ses pieds mais foutrement tordant de laxisme bien manié. De là à dire qu’Hercule est presque courageux dans ce qu’il tente de faire, il n’y a qu’un pas. Surtout dans son opération couillue de déconstruction du mythe là où tout le monde attendait justement du mythologique incarné. Mais concrètement, si on devait le comparer à quelque-chose, on irait chercher du côté du Pompéi de Paul WS Anderson. Ce genre de bisseries un peu friquée, cinématographiquement médiocre et ringarde, mais qui divertit avec légèreté et bonne humeur en mode nanar-fun qui se lâche sans se préoccuper du qu’en dira-t-on. Bref, c’est grotesque mais le genre de grotesque qui se suit dissipé et avec sympathie entre rires et clameur générale joyeuse devant une barbarie brutale qui envoie le bois. C’est dingue mais on ne s’est jamais autant éclaté devant un Brett Ratner ! Ah, et on a failli oublier avec tout ça, mais la 3D est sacrément chouette !

 

© Nicolas Rieux

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