LA LÉGENDE D’HERCULE (2014)

Le réalisateur de Cliffhanger réinvente l’histoire du célèbre demi-dieu en pillant allègrement 300 et Gladiator…

THE LEGEND OF HERCULES

 

2014 – USA

 

Réalisé par Renny Harlin

 

Avec Kellan Lutz, Gaia Weiss, Scott Adkins, Roxanne McKee, Liam Garrigan, Rade Serbedzija, Johnathon Schaech, Luke Newberry, Kenneth Cranham, Mariah Gale

 

THEMA MYTHOLOGIE

Voilà bien longtemps que Renny Harlin, passionné par la mythologie gréco-romaine, caressait l’idée de consacrer un long-métrage au demi-dieu Hercule. L’occasion se présente en 2014, mais force est de constater que le cinéaste de Prison, 58 minutes pour vivre et Cliffhanger n’est plus que l’ombre de lui-même, nous livrant là un nanar colossal qui serait presque hilarant au second degré si sa tonitruance n’annihilait pas tous nos sens. Dans le rôle principal, Harlin choisit Kellan Lutz, qui jouait Poséidon dans Les Immortels et Emmett Cullen dans la saga Twilight. Charge à lui de porter sur ses épaules ce film hélas sans queue ni tête. Le scénario, qui n’entretient qu’un très lointain rapport avec le mythe tel que nous le connaissons, se déroule dans la Grèce antique en 1200 avant JC. Assoiffé de pouvoir, le roi Amphitryon joue du glaive avec délectation, au grand dam de son épouse Alcmène qui se tourne vers la déesse Héra pour ramener un peu de paix dans le royaume. Celle-ci consent à ce que son époux, le puissant Zeus, féconde Alcmène afin de lui donner un fils qui sauvera le peuple. Son nom sera Hercule, même si Amphitryon, en voyant le nouveau-né, décide de le baptiser Alcide. On le voit, la mythologie est malmenée sans vergogne dans ce récit alambiqué.

Dès les premières minutes, la source d’inspiration principale de Renny Harlin saute aux yeux : 300 de Zack Snyder. Le traitement visuel, la photographie, les effets d’ultra-ralenti en cours d’action, la musique « carmina-buranesque », le look des combattants, tout dans le prologue de La Légende d’Hercule joue la carte du mimétisme. Scott Adkins, quant à lui, calque son timbre de voix sur celui de Gerard Butler, muant son Amphitryon en copie carbone de Leonidas. Rarement plagiat – ou parodie involontaire ? – n’est allé aussi loin. Lorsqu’Hercule grandit, tombe en disgrâce et finit dans les arènes siciliennes puis grecques, le film se mue en remake appauvri de Gladiator, que Renny Harlin pille également sans la moindre retenue. Kellan Lutz se prend alors pour Russel Crowe et se lance dans des combats brutaux auxquels la mise en scène maniérée (ralentis à outrance, sauts en apesanteur) ôte toute crédibilité. Rétif à la moindre demi-mesure, le film sature ses panoramas d’images de synthèse, se surcharge en gimmicks conçus pour projeter aux yeux des spectateurs des effets 3D et appuie son dynamisme sur une imagerie de jeux vidéo. La Légende d’Hercule sonne donc faux de sa première à sa dernière minute.

Kellan le barbant

Et que dire de la prestation de Kellan Lutz ? À la manière des culturistes qui imitaient Conan le barbare dans les films bis italiens des années 80, l’acteur promène gauchement sa silhouette massive, exhibant ses pectoraux gonflés comme des ballons de baudruche face à la frêle Gaia Weiss qui semble sur le point d’être engloutie par cet amas de muscles. La boutade de Groucho Marx à l’époque de Samson et Dalila nous revient alors à l’esprit : « il est difficile de s’intéresser à un film dans lequel le héros a une plus grosse poitrine que l’héroïne. » Cela dit, la chose la plus spectaculaire chez Kellan Lutz reste son abyssale inexpressivité. Nous qui voulions un demi-dieu fier et puissant, nous voilà en présence d’un émule du Miles O’Keeffe d’Ator, du Conrad Nichols de Thor le guerrier ou du Reb Brown de Yor le chasseur du futur ! Si au moins le film parvenait à nous distraire avec un bestiaire fantastique digne de ce nom. La véritable légende d’Héraclès n’en manque pas. Mais nous n’avons droit qu’à un lion de Némée en image de synthèse s’agitant dans une séquence bien peu palpitante. Bref, le ratage est complet. Le flop du film au box-office sera d’ailleurs cruel, le public préférant se tourner la même année vers le Hercule incarné par Dwayne Johnson.

 

© Gilles Penso


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