HERCULE (2005)

Une relecture de la célèbre légende antique produite sous forme d’un long téléfilm qui prend beaucoup de libertés avec le mythe…

HERCULES

 

2005 – USA / GB

 

Réalisé par Roger Young

 

Avec Paul Telfer, Elizabeth Perkins, Timothy Dalton, Sean Astin, Kim Coates, Leelee Sobieski, Tyler Mane, Kristian Schmid

 

THEMA MYTHOLOGIE

Après le mièvre dessin animé estampillé Disney et la série digne de la foire d’empoigne produite par Sam Raimi, la compagnie Hallmark propose sa propre version du mythe d’Hercule, sous forme d’un long téléfilm prenant beaucoup de libertés avec la légende antique que nous connaissons. La plupart des personnages qui gravitent autour du récit d’Hercule sont pourtant à l’honneur, tandis qu’un slogan à la Robocop clame sur le poster du film : « moitié dieu, moitié homme, entièrement puissant ». Parmi les mortels, deux clans s’opposent farouchement : les adorateurs de Zeus et ceux de son épouse Héra. Cette dissension règne même au sein de couples comme Alcmène (Elizabeth Perkins) et Amphitryon (Timothy Dalton). Lorsque celle-ci est engrossée par le dieu des dieux, ayant pris l’apparence de son mari pour mieux la tromper, elle décide de tuer son bébé en le livrant à deux serpents. Mais Hercule – tel est son nom – les étrangle dans son berceau et révèle ainsi une force insoupçonnée. Celle-ci s’assortit d’un caractère brut de décoffrage. Vexé par les réprimandes de son professeur de musique Linus (Sean Satin), il le tue presque sous les yeux de son frère Iphiclès (Like Ford) et se retrouve banni de Thèbes, sans pour autant se départir de sa rudesse et de son arrogance. « Tu ne seras jamais un dieu ou un héros si tu ne commences pas par être un homme » le sermonne alors Chiron, son précepteur mi-homme mi-cheval. Mais Amphitryon, son père adoptif, croit en lui au point de lui déclarer : « tu as de la splendeur, le temps le révèlera ».

Au bout d’une heure de métrage, le fougueux adolescent se mue en jeune adulte bodybuildé (et imberbe) qui affronte enfin l’Hydre de Lerne. Hélas, le monstrueux dragon à sept têtes tant attendu (que Ray Harryhausen avait magnifiquement animé dans Jason et les Argonautes) prend ici corps sous forme d’images de synthèse d’une grande maladresse. Le scénario prend ensuite la liberté de réinterpréter les travaux d’Hercule à sa guise. De douze, ils passent à six, leur ordre s’avère tout à fait évasif et leur relecture assez surprenante.

Les six travaux d’Hercule

Ainsi les oiseaux du lac Stymphale deviennent-ils des harpies aux ailes métalliques, le lion de Némée un Sphinx capable de changer d’apparence, le taureau de Crète un brigand puisant sa force dans la terre (un recyclage du mythe d’Antée), les farouches amazones des femmes soumises qui se changent la nuit en juments anthropophages et la biche de Cérynie un cervidé en 3D absolument pas crédible. Quant au chien Cerbère annoncé pour un climax situé aux Enfers, il ne montre jamais un seul de ses trois museaux, à notre grande frustration. Les moyens mis en œuvre sont importants, la figuration imposante, les effets visuels nombreux (même s’ils sont souvent approximatifs) et l’intégration des complots politiques et des luttes de pouvoir au sein du récit fort louable. Mais le résultat reste très en deçà du potentiel initial. Qui osera enfin mêler la puissance d’un Gladiator, la brutalité d’un Conan le barbare, la féerie d’un Seigneur des anneaux et la folie d’un 300 pour nous offrir une adaptation à la hauteur du mythe d’Hercule ?

 

© Gilles Penso

 

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