LE TROU NOIR (1979)

Deux ans après Star Wars, les studios Disney se lançaient dans un space opera rétro-futuriste sous l'influence de Jules Verne

THE BLACK HOLE

1979 – USA

Réalisé par Gary Nelson

Avec Maximilian Schell, Anthony Perkins, Robert Forster, Joseph Bottoms, Yvette Mimiuex, Ernest Borgnine, Tommy McLoughlin

THEMA SPACE OPERA I ROBOTS

Quel que soit le statut que l’on accorde au Trou Noir, kitscherie anachronique pour les uns, classique atemporel pour les autres, le film de Gary Nelson est au moins remarquable pour une chose : il donna le coup d’envoi d’une série de longs-métrages destinés à un public plus adulte que les productions Walt Disney habituelles. Sans Le Trou Noir, le studio aux grandes oreilles ne nous aurait sans doute jamais offert d(œuvres aussi atypiques que Le Dragon du Lac de FeuTron, La Foire des Ténèbres ou Les Yeux de la Forêt. Cette décision audacieuse est née suite au succès inespéré de La Guerre des Etoiles. Tout le monde cherchant à s’inscrire dans le sillage du blockbuster de George Lucas, les dirigeants de Disney ne firent pas exception, bien décidés à produire leur propre space opéra tout en capitalisant sur leur savoir-faire spécifique. Le Trou Noir est donc le fruit d’un cocktail étrange mixant les ingrédients de Star Wars avec ceux d’un des meilleurs films « live » jamais produits par la maison de Mickey : 20 000 Lieues sous les Mers de Richard Fleischer. Jules Verne imprègne ainsi l’œuvre de sa prestigieuse présence (le scénario puise aussi partiellement son inspiration chez « Robur le Conquérant » et « Le Maître du Monde ») et, corollaire, Gustave Eiffel s’invite par le biais d’une somptueuse direction artistique rétro-futuriste.

Nous sommes en 2130. Explorant l’espace, l’équipage du Palomino décèle le vaisseau fantôme Cygnus tout près d’un trou noir. Le capitaine Holland et son équipage accostent le vaisseau mystérieux, commandé par des robots partiellement anthropomorphes, et y découvrent l’étrange docteur Reinhardt, dont les intentions ne semblent pas particulièrement bienveillantes… Pressenti pour réaliser le film, John Hough, vétéran des productions Disney (L’île au Trésor, La Montagne Ensorcelée, Les Visiteurs d’un Autre Monde), se désista pour des raisons de planning et céda la place à Gary Nelson, téléaste chevronné depuis le début des années 60 et signataire en 1976 d’Un Vendredi Dingue Dingue Dingue pour Disney. De toute évidence, Nelson n’avait pas les épaules pour prendre en charge un film aussi ambitieux, et Le Trou Noir souffre en partie de l’académisme de sa mise en scène.

Un casting de prestige et des effets pleins de charme

Dommage, car le casting ne manque pas d’éclat, en particulier Maximilian Schell dans un rôle à mi-chemin entre le Capitaine Némo et Robur, Yvette Mimieux qui fut menacée par les abominables Morlocks de La Machine à explorer le Temps quelque 20 ans plus tôt, et Anthony Perkins pour une fois débarrassé des rôles de psychopathe dont il fut presque systématiquement affublé depuis le succès de Psychose. On peut aussi regretter que toutes les implications métaphysiques liées au thème du trou noir aient été évacuées pour n’en faire qu’un obstacle banal sur la route étoilée des protagonistes. Mais Le Trou Noir conserve un charme fou et se bonifie avec le temps. Ses effets spéciaux d’un autre âge sont une source d’émerveillement permanent, et la bande originale de John Barry, somptueuse, ample et lyrique, est l’une des plus belles musiques jamais composées pour un film de science-fiction.

 

© Gilles Penso

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