LE DRAGON DU LAC DE FEU (1981)

Le plus beau dragon de l'histoire du cinéma s'anime avec fougue dans cette somptueuse production Disney

DRAGONSLAYER

1981 – USA

Réalisé par Matthew Robins

Avec Peter MacNicol, Ralph Richardson, Caitlin Smith, John Hallam, Peter Eyre, Albert Salmi, Sydney Bromley, Chloe Salaman 

THEMA HEROIC FANTASY I DRAGONS

Le relatif échec du Dragon du Lac de Feu lors de sa sortie sur les écrans, et l’anonymat presque complet dans lequel il est tombé depuis, s’expliquent probablement par le fait que ce conte sombre et inquiétant correspond fort peu aux critères habituels des productions Disney. On y trouve des séquences d’épouvante pure, des morts violentes, et même un soupçon d’érotisme. Autant dire que les pontes de Disney ont tôt fait d’enterrer ce produit un peu gênant, et c’est dommage, car Le Dragon du Lac de Feu est pétri de qualités. Le récit commence au château de Cragganmore, où résident le magicien Ulrich et son jeune apprenti Galen. Un groupe de visiteurs, conduit par un certain Valerian, vient réclamer l’aide d’Ulrich pour débarrasser le lointain royaume d’Urland du dragon qui les oppresse. Ulrich accepte, mais il est assassiné par Tyrian, chef des soldats d’Urland. Le jeune Galen décide alors d’accomplir la tâche de son maître. Il découvre vite que tuer un dragon n’est pas le seul problème qu’il doit résoudre. Un pacte, en effet, a été conclu entre le roi d’Urland, Casiodurus, et le monstre. Périodiquement, de jeunes vierges, choisies au hasard sont offertes en pâture au dragon qui, en échange, protège le roi. Ni Casiodorus ni Tyrian ne désirent donc voir Galen réussir sa mission.

La vedette reptilienne du film met un certain temps à montrer le bout de son museau, mais l’attente est largement méritée. Car Vermithrax Pejorative (c’est son petit nom) est probablement l’un des plus beaux dragons que le cinéma fantastique nous ait offert. Il prouvait une fois de plus que la bonne vieille technique de l’animation image par image était le meilleur moyen, en ces temps pré-numériques, de donner vie aux monstres mythologiques. « Cette créature mixe l’imagerie traditionnelle des dragons du moyen âge et l’aspect reptilien de certains dinosaures » (1), nous explique Phil Tippett, auteur de son animation. Techniquement, le film marquait une première dans la mesure où l’équipe d’ILM y expérimentait pour la première fois la technique de la go-motion, qui permettait d’agrémenter l’animation traditionnelle de flous de mouvements réalistes grâce à l’informatisation de certaines parties de la marionnette.

Les premiers pas de la « go-motion »

Cela dit, le parti pris de plonger tous les plans du dragon dans l’obscurité et la fumée finit par s’avérer frustrant. A tel point qu’on en vient à se demander pourquoi l’équipe ne s’est pas contentée de la traditionnelle animation à la Ray Harryhausen, façon Le 7ème Voyage de Sinbad ou Jason et les Argonautes. La lumière du film est d’ailleurs signée Derek Van Lindt, qui avait mis en image trois ans plus tôt l’Alien de Ridley Scott. Cette aventure fantastico-médiévale se pare aussi de l’interprétation toute en fraîcheur de Peter MacNicol, qui allait triompher quinze ans plus tard dans la série Ally McBeal, de la « garçonne » Caitlin Clarke et du vétéran Ralph Richardson, qui s’acquitte du passif des productions Disney puisque son personnage semble combiner le Merlin l’Enchanteur de 1964 et le magicien de « L’Apprenti-Sorcier » dans Fantasia

(1) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1998

© Gilles Penso 

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