POLTERGEIST 2 (1985)

Une séquelle très facultative qui s'efforce d'enrichir l'univers du film de Hooper et Spielberg à travers les apparitions du sinistre révérend Kane

POLTERGEIST II : THE OTHER SIDE

1985 – USA

Réalisé par Brian Gibson

Avec JoBeth Williams, Craig T. Nelson, Heather O’Rourke, Oliver Robins, Julian Beck, Zelda Rubinstein, Will Sampson 

THEMA FANTÔMES I SAGA POLTERGEIST

Le succès de Poltergeist appelait inévitablement une séquelle. Mais Tobe Hooper a ici fait place à un anonyme faiseur du nom de Brian Gibson. Comme en outre l’effet de surprise a disparu, que le scénario s’avère bien moins riche et que les personnages sont réduits à l’état de silhouette, il n’est pas étonnant que cette séquelle ait peu fait parler d’elle. Nous y retrouvons tous les membres de la famille Freeling (à l’exception de l’adolescente Dana, dont l’interprète Dominique Dunne fut assassinée peu de temps après la sortie du premier Poltergeist). Traumatisés par les événements surnaturels qui détruisirent leur résidence de Cuesta Verde, nos héros se sont depuis installés dans une nouvelle maison à Phœnix. Pendant quatre ans, ils y mènent une vie paisible… Jusqu’à la mort de la grand-mère, prélude à de nouveaux événements inquiétants.

Diane Freeling se met à rêver de zombies qui surgissent de terre pour l’entraîner avec eux, les jouets des enfants les attaquent dans leur chambre, des ectoplasmes voltigent dans les airs tandis que d’étranges nuages en aquarium planent au-dessus de la maison. Et bientôt apparaît Kane (l’étonnant Julian Beck), un démon déguisé en prêtre qui s’apprête à lever une armée de spectres maléfiques dans le but d’enlever à nouveau la petite Carole-Anne et de l’emmener « de l’autre côté ». Pour le contrer, on fait appel à un exorciste indien, Taylor, à qui Will Sampson, échappé de Vol Au-dessus d’un Nid de Coucou, prête ses traits rugueux. « Rien ne meurt vraiment » affirme-t-il stoïquement face aux interrogations bien légitimes de la famille Freeling. La minuscule médium Tangina (Zelda Rubinstein) leur rend visite à son tour, révélant que les fantômes qui les assaillirent dans leur maison précédente étaient les membres d’une secte morts tous ensemble sous les ordres de leur maître et prêcheur. Or cet homme n’est autre que Kane. « Ce n’est plus un homme », conclue Tangina, « c’est la Bête de l’Apocalypse ».

« C'est la Bête de l'Apocalypse ! »

A l’occasion de ce Poltergeist 2, l’artiste suisse H.R. Giger (passé à la postérité pour ses travaux sur Alien) a signé le design des diverses apparitions spectrales (notamment l’horrible chenille qu’ingère Steven Freeling et qui se transforme en abomination rampante digne de Lovecraft), et Richard Edlund et son équipe se sont substitués à ILM pour la création des effets visuels, lesquels s’avèrent souvent maladroits, notamment la bien peu crédible foule de fantômes lumineux errant autour de la maison. « Il n’y avait absolument aucune satisfaction à retirer de ce travail », avoue Randy Cook, responsable des créatures du film. « Giger avait fait tous les designs, donc il n’y avait aucun travail de conception. Et le clou du spectacle était une grande marionnette molle de monstre qui apparaît à l’écran peut-être quatre ou cinq secondes. » (1) Les trucages les plus efficaces sont du coup ceux réalisés directement sur le plateau, en particulier lors de l’hallucinante séquence où le jeune Robbie est attaqué par son propre appareil dentaire qui se transforme en amas de fils de fer agressifs animés d’une vie propre. Le film s’achève sur un dénouement évasif et franchement grotesque.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en mai 1999.

 

© Gilles Penso