UN CRI DANS L’OCEAN (1998)

Un commando de pirates des mers se retrouve confronté à un monstre marin tentaculaire digne des écrits de Lovecraft

DEEP RISING

1889 – USA

Réalisé par Stephen Sommers

Avec Treat Williams, Famke Janssen, Anthony Heald, Kevin J. O’Connor, Una Damon, Wes Studi, Derrick O’Connor

THEMA MONSTRES MARINS

Un Cri dans l’Océan est une toute petite série B dotée des moyens d’une superproduction, affublée d’un scénario basique, de personnages taillés à la serpe et de dialogues ineptes… Et pourtant, il est difficile de ne pas éprouver de la sympathie pour ce film de monstre, tant Stephen Sommers semble y avoir injecté son amour sincère pour le genre. Encore faut-il passer outre cette première partie, accompagnée d’une partition martiale et lourdingue indigne du grand Jerry Goldsmith. On y fait la connaissance de Finnegan, interprété par un Treat Williams trop souvent cantonné dans les séries Z conçues directement pour la vidéo (un comble pour ce comédien génial découvert dans Hair et 1941). Ce capitaine sans scrupule, appâté par le gain, a tendance à embarquer n’importe qui et n’importe quoi à bord de sa vedette, en compagnie de son mécanicien Joey (Kevin J. O’Connor, acteur fétiche de Sommers) et de sa co-pilote Leila (la mignonnette Una Damon). Du coup, alors qu’il sillonne la mer de Chine, il se retrouve aux mains d’un commando de pirates sévèrement burnés, armés jusqu’aux dents, qui se sont mis en tête de dévaliser le luxueux paquebot Argonautica, avec la complicité de son véreux propriétaire Simon Canton (Anthony Heald, qui ressemble ici comme deux gouttes d’eau à Nick Nolte). Petit problème : le navire a été assailli par un gigantesque céphalopode avide de chair humaine dont les innombrables tentacules circulent via les canalisations et les coursives.

Même si elle n’apparaît qu’au bout d’une cinquantaine de minutes, cette abominable créature est la grande attraction du film, et restera dans les mémoires comme l’un des plus beaux  monstres marins de l’histoire du cinéma. Il faut dire qu’il n’a pas été confié à des manchots : son design est l’œuvre de Rob Bottin (The Thing tout de même) et sa réalisation le fruit du labeur des artistes d’ILM, alors frais émoulus des deux premiers Jurassic Park. Très proche visuellement du démon Chthulhu qui hante les pages du romancier H.P. Lovecraft, ce monumental bestiau crève l’écran à chacune de ses apparitions. D’autant que Sommers ne recule devant aucun excès gore, notamment avec le charnier de centaines de squelettes ensanglantés amassés dans le navire, ou la régurgitation d’un homme à moitié dévoré qui continue de gémir alors que sa tête est en partie rongée !

L'homme à la tête rongée

L’action non plus ne faiblit pas, jusqu’au climax au cours duquel Treat Williams et Famke Janssen (alors connue du grand public pour sa participation à Goldeneye) fuient le monstre à l’aide d’un jet ski, tandis que le paquebot est en train de céder sous l’impact d’explosions multiples. Bref, voilà du bon spectacle habilement mené, qu’on ne peut cependant apprécier à sa juste valeur qu’à condition de passer sous silence son absence totale de finesse, de caractérisation et de psychologie. On note qu’à l’origine, le rôle de Finnegan fut proposé à Harrison Ford, ce qui aurait considérablement augmenté le budget du film (l’interprète d’Indiana Jones coûtant plus cher que n’importe quel monstre en 3D). Le dénouement d’Un Cri dans l’Océan laisse la porte ouverte à une séquelle qui n’a jamais vu le jour.

 

© Gilles Penso

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