LE RETOUR DE L’ABOMINABLE DOCTEUR PHIBES (1972)

Le super-vilain vengeur incarné par Vincent Price est de retour pour une nouvelle croisade sanglante

DR PHIBES RISES AGAIN

1972 – GB

Réalisé par Robert Fuest

Avec Vincent Price, Robert Quarry, Fiona Lewis, Valli Kemp, Hugh Griffith, Terry-Thomas, Peter Cushing, Caroline Munro

THEMA SUPER-VILAIN

Le succès international de L’Abominable docteur Phibes fut suffisamment concluant pour que Robert Fuest s’attaque l’année suivante à la réalisation et au scénario d’une séquelle tout aussi délirante, avec la bénédiction de la compagnie de production AIP. La mort du grandiloquent super-vilain incarné par Vincent Price n’était qu’apparente à la fin du premier film. Comme dans les bons vieux serials des années 30, il revient donc à la vie, découvre son domicile saccagé par les forces de police, et décide de s’enfuir en Égypte pour y ressusciter son épouse Victoria (dont la rigidité cadavérique n’a guère entamé le charme, et à qui Caroline Munro prête toujours ses traits irréprochables). Pour parvenir à ses fins, il lui faut mettre la main sur la formule de la vie éternelle, écrite sur un parchemin qu’il avait jadis en sa possession mais qui a été racheté aux enchères par l’antiquaire Biederbeck (interprété par un Robert Quarry extrêmement charismatique). Phibes s’embarque donc sur un bateau de croisière en compagnie du cercueil de Victoria, de son orchestre d’automates et de sa belle assistante Vulnavia, jouée cette fois-ci par la nouvelle venue Valli Kemp étant donnée l’indisponibilité de la comédienne précédente pour cause de grossesse.

L’assassin défiguré et revanchard entend bien damer le pion à Biederbeck, qui cherche lui aussi le secret de l’immortalité pour des raisons très personnelles. Les morts atroces ne tardent pas à se succéder, toutes plus excentriques les unes que les autres : un massif garde du corps au crâne transpercé par un serpent en or, un vieil archéologue noyé dans une gigantesque bouteille de gin, un explorateur curieux dépecé par un rapace, un membre de l’expédition Biederbeck assailli par une horde de scorpions répugnants, un homme littéralement broyé dans son lit de camp, un autre décomposé à la vitesse grand v dans sa voiture… Ici, les meurtres ne procèdent plus d’une vengeance méthodique dictée par un modèle antique mais plutôt d’un défouloir à grande échelle. Le film regorge d’idées visuelles intéressantes, comme Phibes sans son masque se dissimulant au milieu de crânes et d’ossements pour mieux espionner son rival. Encore une idée visuelle qui semble empruntée à L’Homme au masque de cire, qui s’amusait lui aussi à dérouter son public en confondant les êtres vivants et leurs simulacres.

Le secret de la vie éternelle

Éclairés par Alex Thomson (le génial chef opérateur d’Excalibur, de Legend et d’Alien 3), les décors jouent quant à eux la carte de l’excès et de la démesure, notamment la crypte pharaonique et le nouveau repère du docteur fou. Les deux policiers qui nous avaient ravis de leurs réparties savoureuses dans L’Abominable docteur Phibes sont de retour, plus « Dupond et Dupont » que jamais, et le casting se pare de deux apparitions très appréciables : Peter Cushing en capitaine de navire et Terry-Thomas en organisateur de croisières. Phibes poursuit dans la voie de la grandiloquence excessive, Vulnavia arbore des tenues rivalisant d’exubérance, l’horreur et l’humour s’entremêlent avec bonheur… Bref, toutes les composantes qui firent la réussite du premier film sont toujours là et fonctionnent à plein régime, même si la nouveauté et la fraîcheur se sont un peu muées en recette. Robert Fuest s’en tiendra donc là en matière de séquelle, malgré un dénouement très ouvert, annonçant le final d’Indiana Jones et la dernière croisade avec presque vingt ans d’avance et clignant de l’œil avec facétie vers Le Magicien d’Oz.

 

© Gilles Penso

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