CREEPSHOW 2 (1987)

Une suite qui n'arrive pas à la cheville de son modèle, malgré quelques séquences très inventives

CREEPSHOW 2

1987 – USA

Réalisé par Michael Gornick 

Avec Domenick John, Tom Savini, George Kennedy, Philip Dore, Paul Satterfield, Loïs Chiles, Jeremy Green, Page Hannah

THEMA OBJETS VIVANTS I BLOB  ZOMBIES I SAGA CREEPSHOW I STEPHEN KING

Très attendue, cette suite de Creepshow souffre bien sûr de l’impitoyable comparaison avec son illustre prédécesseur. Les délires musicaux de John Harrison et la mise en scène inventive de George Romero font place ici à une bande musicale aussi hétéroclite que médiocre et à une réalisation bien conventionnelle. L’esprit caricatural typique des EC Comics a donc quelque peu disparu, tout comme la concision narrative (ici nous avons droit à trois sketches au lieu des cinq du premier Creepshow, pour une durée globale équivalente), au profit d’un fantastique pas vraiment stylisé et d’une mise en image plutôt conformiste. Jailli d’une pile de magazines, le macabre The Creep, interprété par Tom Savini, assure toujours le rôle du lien entre les sketches, racontant au petit Billy des histoires épouvantables.

Le premier de ces récits, « Le Chef Tête de Bois », recycle les éléments thématiques des films de momies en les réadaptant aux légendes indiennes. Un matin, on retrouve un scalp à la place de la hache du vieux chef tête de bois, une statue qui monte la garde d’une épicerie tenue par un paisible couple sauvagement assassiné. L’histoire suit ainsi une mécanique vengeresse connue, et amène pesamment une chute que tout le monde peut anticiper dès les premières minutes. La seconde histoire, « Le Radeau », est probablement la plus efficace des trois. Sorte de variante sur le thème de Danger Planétaire, elle met en vedette quatre adolescents qui se baignent dans un lac et font face à une nappe gluante et sombre s’avérant vivante et affamée. Dans l’espoir d’échapper à ce blob vorace et anthropophage, ils trouvent refuge sur un radeau et s’efforcent de regagner la rive. Imaginé par Stephen King, ce sketch ménage quelques surprises, et nous donne droit à un dénouement choc habilement servi par un trucage étonnant. Il rattrape ainsi les problèmes de rythme du récit précédent, même s’il n’échappe pas aux tics imputables aux Vendredi 13 et autres shockers mettant en scène des groupes de teenagers un peu niais soudain mis en danger.

Une statue vivante, un blob aquatique et un mort récalcitrant

Le dernier segment, « L’Auto-Stoppeur », offre un beau rôle de composition à Loïs Chiles (James Bond Girl dans Moonraker) et s’imprègne d’une atmosphère héritée de La Quatrième Dimension, sans évacuer pour autant l’aspect horrifique dont Creepshow s’est fait une marque de fabrique. Chiles interprète Annie Lansing, une femme adultère qui renverse un auto-stoppeur en pleine nuit et l’abandonne sur la chaussée. Mais elle le retrouve à plusieurs reprise sur sa route, dans un état de plus en plus pitoyable, et l’écrase à chaque fois, comme pour chasser un cauchemar… Les maquillages spéciaux qui émaillent les séquences gore du film sont l’œuvre d’Ed French, suivant la trace de son maître Tom Savini, et ils s’avèrent fort convaincants. On ne peut pas en dire autant, hélas, des séquences animées qui servent de liaison entre les sketches, bien moins inventives et soignées que celles du film précédent. Le miracle de Creepshow n’aura donc marché qu’une seule fois, et il y a fort à parier que l’absence de George Romero derrière la caméra soit la raison principale de l’échec artistique de cette séquelle.

 

© Gilles Penso

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