SOLDIER (1998)

Le réalisateur de Event Horizon transforme Kurt Russell en soldat du futur à la recherche de ses dernières bribes d'humanité

SOLDIER

1998 – USA

Réalisé par Paul W.S. Anderson

Avec Kurt Russell, Jason Scott Lee, Connie Nielsen, Sean Pertwee, Gary Busey, Jason Isaacs, Jared Thorne, Taylor Thorne

THEMA FUTUR 

Futur réalisateur de Resident Evil et Alien vs. Predator, Paul W.S. Anderson signait probablement avec Soldier son meilleur film. Non pas que cette fable futuriste soit un chef d’œuvre, loin s’en faut, mais elle a le double mérite de l’originalité et de l’humilité, qualités totalement absentes des œuvres sus-citées. Gonflé à la testostérone et affublé d’un scénario extrêmement basique, Soldier pourrait presque être comparé à l’inénarrable Commando de Mark Lester, si ce n’est que l’intrigue se situe ici dans un avenir extrêmement noir, et que l’humour n’y pointe jamais le bout de son nez. 

Nous sommes dans un univers très militarisé, où les soldats sont sélectionnés et entraînés dès leur naissance à devenir des machines de combat sans pitié, la survie du plus fort étant devenue le maître mot. Vétéran de nombreuses guerres intergalactiques (qui sont évoquées via des flash-back furtifs mais fort efficaces), le sergent Todd 3465 (Kurt Russell) est un de ces soldats que rien n’arrête. Jusqu’au jour où une nouvelle génération de soldats biogénétiques fait son apparition, destinée à remplacer l’ancienne garde. Suite à un combat avec l’une de ces nouvelles machines de guerre au cours d’un entraînement, Todd est laissé pour mort. Pour éviter les traces gênantes, on le transporte dans un vaisseau à marchandises et on l’abandonne sur une planète poubelle, dans le système Arcadie. Mais Todd a survécu à ses blessures, et il s’éveille au beau milieu de cette colossale décharge publique. Là, le film nous gratifie de quelques visions surréalistes et fort spectaculaires, comme ce porte-avions couché sur le flanc parmi d’innombrables détritus, ou cette colossale tempête de sable. Mais Todd n’est pas abandonné à son triste sort, car cette planète abrite une communauté de naufragés et de réfugiés. Peu liant, il va progressivement intégrer le groupe, tout en s’efforçant de réfréner ses instincts guerriers et agressifs. Jusqu’au jour où l’armée décide d’entraîner ses nouveaux militaires modifiés génétiquement sur cette planète poubelle, quitte à se servir des réfugiés comme cibles vivantes. Dès lors, schéma connu, Todd va former ses compagnons d’infortune à la guerre, et va lever une révolte contre l’oppresseur. Si le scénario suit ainsi un fil conducteur convenu et prévisible, Soldier regorge d’idées visuelles étonnantes, et le traitement de ses personnages échappe aux lieux communs. 

La guerre des soldats biogénétiques

Kurt Russell trouve là son rôle le plus monolithique, à tel point qu’en comparaison, le soldat morose qu’il interprète dans Stargate ressemblerait presque à Jim Carrey. A ses côtés, on retrouve quelques trognes familières, comme Gary Busey (le méchant de L’Arme Fatale) en militaire inflexible, Jason Scott Lee (Mowgli dans Le Livre de la Jungle de Stephen Sommers) en soldat lobotomisé et surgonflé, Jason Isaacs (Lord Felton dans Cœur de Dragon) dans le rôle d’un détestable colonel dégoulinant de duplicité, et la belle Connie Nielsen (future héroïne de Gladiator) en pacifiste pas tout à fait insensible au charme de Todd. Le film se pare en outre d’une série d’effets spéciaux très réussis, réalisés en grande partie à l’aide de maquettes et de perspectives forcées du plus bel effet. Bref un bon petit film de SF nerveux à souhait, directement sorti en vidéo en France.
 
© Gilles Penso

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