GIRLS WITH BALLS (2018)

Une équipe de volleyeuses professionnelles se retrouve coincée au milieu d’une forêt où sévissent de dangereux psychopathes

GIRLS WITH BALLS

 

2018 – FRANCE

 

Réalisé par Olivier Afonso

 

Avec Manon Azem, Dany Verissimo, Denis Lavant, Camille Razat, Tiphaine Daviot, Anne Solenne Hatte, Artus, Orelsan, Guillaume Canet

 

THEMA TUEURS

Vétéran des effets spéciaux de maquillage depuis le début des années 2000, Olivier Afonso a créé l’atelier 69 et participé aux films de cinéastes aux styles aussi variés que Jan Kounen, Xavier Gens, Florent Emilio-Siri, Michel Gondry, Julien Maury, Alexandre Bustillo, Fabrice du Weltz ou Julia Ducournau. Membre incontournable de la famille restreinte du cinéma de genre français, il décide finalement de passer lui-même à la mise en scène en concoctant un film atypique qui se réclame autant de la comédie burlesque que du slasher horrifique. Un tel cocktail n’est pas si simple et se prête volontiers aux écueils. Mais le manque de complexes du réalisateur, sa bonne humeur communicative et sa générosité sans borne emportent immédiatement l’adhésion. Le point de départ a pourtant de quoi laisser perplexe : l’autocar d’une équipe de volleyeuses professionnelles s’égare dans des bois isolés où sévit un groupe de rednecks psychopathes et armés jusqu’aux dents qui décident de les prendre en chasse.

Afonso va jusqu’au bout de son concept, multipliant les scènes sanglantes excessives héritées de Sam Raimi ou de Peter Jackson, dirigeant avec enthousiasme un groupe de jeunes comédiennes prises d’une folle énergie et réservant quelques morceaux choisis à ses guest stars : Denis Lavant en chef effrayant d’une secte anthropophage, Orelsan en barde qui commente en musique les faits et gestes des héros (sous l’influence évidente du coq chanteur du Robin des Bois de Walt Disney), Artus en coach surexcité et pleutre ou encore Guillaume Canet en chef scout malsain. Le film est très drôle (si l’on accepte de jouer le jeu avec légèreté sans chercher un émule de la perfection de Shaun of the Dead ou Frankenstein Junior, références absolues dans le domaine de la parodie d’horreur),  très sanglant (avec une belle accumulation de gags gore désopilants), et réussit même l’exploit de nous faire momentanément oublier son caractère comique pour concocter des moments de suspense éprouvants ou de pure épouvante.

Bête et méchant !

On regrette évidemment qu’Olivier Afonso n’ait pas pu mener à bien quelques-unes de ses idées les plus délirantes, faute d’un budget adéquat. « Dans la première version du scénario, j’avais prévu la métamorphose de tous les méchants en cochons monstrueux », nous avoue-t-il, « mais je n’en ai pas eu les moyens. Je voulais aussi prolonger le gag à répétition du tueur décapité qui n’en finit pas de revenir dans le champ. Mais les moyens à ma disposition et mon planning étaient très limités. » (1) Ce qui ne l’empêche pas de diriger des scènes efficaces de combats et de poursuites, et de briser la linéarité de son intrigue à travers les histoires personnelles des héroïnes. Leurs rivalités ou leurs complicités se mêlent à l’action et permettent quelques surprenants retournements de situation, les plus héroïques d’entre elles n’étant pas forcément celles qu’on imagine. Bien sûr, Girls With Balls est loin d’être parfait et pèche sans doute par excès de gaudriole. Mais voilà une première œuvre qui ne place pas ses ambitions plus haut que son postulat, assume sa légèreté et même son caractère « bête et méchant ».

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en janvier 2018

 

© Gilles Penso

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