La MALÉDICTION DE LA DAME BLANCHE (2019)

Une nouvelle créature vient intégrer le bestiaire de la franchise Conjuring : le fantôme de la pleureuse maudite…

THE CURSE OF LA LLORONA

 

2019 – USA

 

Réalisé par Michael Chaves

 

Avec Linda Cardellini, Raymond Cruz, Patricia Velasquez, Marisol Ramirez, Sean Patrick Thomas, Jaynee-Lynne Kinchen, Roman Christou, Tony Amendola

 

THEMA DIABLE ET DEMONS I FANTÔMES I SAGA CONURING

Certaines légendes séculaires et durables n’ont pas franchi nos frontières. C’est le cas de la « Llorona », un personnage mythique que les latino-américains connaissent presque autant que le Père Noël mais qui reste en nos contrées une illustre inconnue. Même si les récits varient d’un pays à l’autre, ce spectre d’un autre âge est la plupart du temps décrit comme celui d’une femme condamnée à errer en pleurant après avoir causé la mort de ses enfants. Cette légende hispanique vivace a déjà alimenté de nombreux longs-métrages mexicains, de La Llorona de Ramon Peon (1933) à Las Lloronas de Lorena Villareal (2004) en passant par Les Larmes de la Malédiction de Rafael Balderon (1963). Comme en 1978, époque où la fête d’Halloween était encore inconnue du public français et donc traduite par « La Nuit des Masques » sur les affiches du slasher de John Carpenter, les distributeurs ont remplacé « La Llorona » du film de Michael Chaves par « La Dame Blanche », créant un petit contresens dans la mesure où il s’agit de deux légendes très dissemblables. Toujours est-il que ce grimaçant fantôme féminin vient compléter le bestiaire de la saga Conjuring, même si les liens avec les autres films de la franchise sont volontairement très ténus, se limitant principalement à la présence du Père Perez (Tony Amendola) déjà présent dans Annabelle.

Après un très court prologue situé dans le Mexique de 1673, le film nous transporte à Los Angeles en 1973. Linda Cardellini (dont la carrière éclectique compte des rôles aussi variés que Samantha Taggart dans la série Urgences, Vera dans les deux versions « live » de Scooby-Doo ou encore la femme de Hawkeye dans les Avengers) incarne Anna, une assistante sociale dont le mari policier est mort en mission et qui s’occupe donc seule de ses deux enfants. Inquiète de l’absence prolongée à l’école de Carlos et Tomas Alvarez, deux enfants d’une famille monoparentale qu’elle suit de près, elle découvre que leur mère (Patricia Velasquez) les a enfermés dans un placard. Tous deux sont récupérés par la police et hébergé dans un foyer… jusqu’à ce qu’on les retrouve noyés. Alors que tout semble accuser madame Alvarez, il devient vite évident que la responsable est un être surnaturel que la culpabilité a transformé en monstre : la fameuse Llorona (ou « Pleureuse », ou « Dame Blanche » selon la traduction qu’on préfèrera). La légende dit que cette femme noya jadis ses deux enfants dans une rivière, rongée par la jalousie, puis se donna la mort. Désormais, elle hante le monde des vivants à la recherche d’autres enfants pour remplacer les siens. Et elle ne tarde pas à jeter son dévolu sur ceux d’Anna. Celle-ci se tourne vers l’église qui s’avoue impuissante. Il ne reste plus qu’un seul espoir : un « curandero », autrement dit un guerrisseur qui a quitté l’habit sacerdotal pour s’adonner à des pratiques moins orthodoxes. Celui-ci déclare son verdict sans appel : « C’est une créature maléfique qui n’a aucune limite ».

Œufs, bougies, talismans et maracas

Même si le réalisateur (Michael Chaves) et les scénaristes (Mikki Daughtry et Tobias Iaconis) sont des nouveaux venus dans l’univers de Conjuring, les recettes sont toujours les mêmes et commencent honnêtement à sentir le réchauffé : les lumières s’éteignent, les portes grincent, les parquets craquent, les courants d’air soufflent violemment, les personnages avancent seuls dans le noir, et les apparitions spectrales scandent le film avec la régularité d’un métronome. C’est propre, carré, mais l’effet de surprise a disparu depuis longtemps. Il y a bien quelques séquences de suspense originales, comme les surgissements de la « Dame Blanche » à travers le parapluie en plastique, son intervention menaçante dans la salle de bains ou ces graines assemblées autour de la maison qu’il ne faut pas disperser, mais le film reste dans son ensemble désespérément routinier. En outre, il faut bien avouer que le rituel déployé par l’exorciste mexicain qu’incarne Raymond Cruz (Tuco dans la série Breaking Bad), à base d’œufs, de bougies, de talismans et de maracas, n’a rien de très convaincant. La Malédiction de la Dame Blanche fixe donc définitivement les limites d’une franchise qui ne pourra perdurer que si elle accepte de se renouveler.

 

© Gilles Penso

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