LE MÉTÉORE DE LA NUIT (1953)

Un classique de la SF des années 50, réalisé par Jack Arnold d’après une nouvelle de Ray Bradbury

IT CAME FROM OUTER SPACE

 

1953 – USA

 

Réalisé par Jack Arnold

 

Avec Richard Carlson, Barbara Rush, Charles Drake, Kathleen Hugues, Russel Johnson

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Le Météore de la Nuit est le troisième long-métrage de Jack Arnold et sa première incursion dans la science-fiction, un genre dans lequel il allait pleinement s’épanouir en lui offrant quelques classiques indémodables. A l’origine du projet se trouve une nouvelle de Ray Bradbury, « The Meteor », qui séduit le producteur William Alland. Pas encore porté aux nues par ses best sellers « Fahrenheit 451 » ou « Chroniques Martiennes », le jeune romancier rédige lui-même une adaptation de son court récit, sous forme d’un traitement détaillé et dialogué qui sera ensuite peaufiné et finalisé par le scénariste Harry Essex. L’intrigue se situe dans une petite ville d’Arizona où l’astronome John Putnam (Richard Carlson) et l’institutrice Ellen Fields (Barbara Rush) se content fleurette par une belle nuit étoilée. Soudain, un étrange objet lumineux tombe des cieux et vient s’écraser en plein désert. Ce qu’ils prennent d’abord pour une météorite est en réalité un vaisseau spatial aux allures de grande sphère couverte d’alvéoles. A l’intérieur se trouvent d’hideuses créatures cyclopéennes.

A l’origine, le département des maquillages spéciaux d’Universal, dirigé par Bud Westmore, avait envisagé un autre design pour les monstres extra-terrestres, sous forme d’êtres humanoïdes cuirassés affublés d’une tête d’insecte au cerveau apparent, d’yeux globuleux et de pinces en guise de mains. Ce concept, très frappant visuellement, ne fut pourtant pas jugé adapté au scénario, et fut conservé pour un autre film : Les Survivants de l’Infini de Joseph Newman (1955). Dans Le Météore de la Nuit, les aliens sont finalement des espèces de blobs à l’œil unique, et sans doute leurs interventions auraient-elles été involontairement drôles si la caméra s’était attardée trop longtemps sur eux. Jack Arnold a donc l’intelligence de jouer la carte de la furtivité, adoptant souvent une vue subjective déformante, aux accents menaçants de la partition supervisée par Joseph Gershenson.

« Nous avons une âme et nos cœurs sont purs… »

Le principe des « body snatchers », qu’allait populariser quelques années plus tard L’Invasion des Profanateurs de Sépultures, est au cœur du récit, puisque les extraterrestres imitent les traits des Terriens. Mais le manichéisme y est moins prononcé, les aliens ne cherchant nullement à conquérir la Terre mais tout simplement à passer inaperçus pour pouvoir réparer leur vaisseau et regagner leur planète natale. « Nous avons une âme et nos cœurs sont purs », déclarent-ils d’ailleurs pour rassurer les humains. « Ce que nous ne comprenons pas, nous voulons le détruire », reconnaît John, exprimant sans équivoque le véritable sujet du film : l’intolérance et la peur de l’inconnu. Les succès respectifs de Bwana Devil et L’Homme au Masque de Cire, pionniers dans l’utilisation de la prise de vue en relief adaptée au long-métrage, poussent le studio Universal à employer un procédé voisin pour Le Météore de la Nuit, qui sera ainsi le tout premier film de science-fiction en 3D. Le succès du film incita de nombreux studios à tourner leurs films suivants en stéréoscopie, et Jack Arnold lui-même réutilisa le procédé dans L’Etrange Créature du Lac Noir et La Revanche de la Créature.

 

© Gilles Penso

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