LES SURVIVANTS DE L’INFINI (1955)

Le vétéran Joseph Newman nous emmène aux confins de l'espace jusqu'à la mythique planète Metaluna

THIS ISLAND EARTH

1955 – USA

Réalisé par Joseph Newman

Avec Jeff Morrow, Faith Domergue, Rex Reason, Lance Fuller, Russell Johnson, Douglas Spencer, Robert Nichols

THEMA SPACE OPERA I EXTRA-TERRESTRES I MUTATIONS

Les Survivants de l’Infini est le trentième long-métrage de Joseph Newman, spécialisé notamment dans les films d’aventure, les films de guerre et les westerns. Il allait ensuite s’adapter au format télévisé, signant notamment des épisodes de La Quatrième dimension et d’Alfred Hitchcock présente, mais malgré sa prolifique carrière, c’est cette fable de science-fiction qui demeure son œuvre la plus fameuse, son seul véritable titre de gloire. Après avoir reçu d’un mystérieux expéditeur le manuel de construction d’une machine inconnue baptisée Interociter, deux savants atomistes, Cal Meacham (Rex Reason) et Ruth Adams (Faith Domergue), accueillent dans leur laboratoire l’étrange professeur Exeter (Jeff Morrow) et son adjoint Brack (Lance Fuller). Meacham et Adams engagent contre leur gré les couple de scientifiques. C’est alors qu’Exeter et Brack se révèlent être habitants de la planète Metaluna, chargés de découvrir sur Terre l’uranium nécessaire à la lutte qu’ils mènent contre une planète rivale, Zagon. Sur Metaluna, la situation est devenue critique et Exeter est rappelé par son « moniteur ». L’extra-terrestre s’envole donc à bord d’une soucoupe volante après avoir détruit ses installations et capturé les deux humains qui tentaient de fuir. Après un voyage impressionnant, ils arrivent à Metaluna, mais il est déjà trop tard. « Ces flash de lumière… Ce sont des météorites… Des centaines de météorites ! », commente Exeter face au spectacle désolant de sa propre planète mourante. « L’intense chaleur est en train de transformer Metaluna en un soleil radioactif. »

Auréolé du statut envié de classique de la science-fiction, Les Survivants de l’infini est surtout resté dans les mémoires pour ses décors somptueux, ses couleurs flashy et une poignée de scènes mouvementées qui se concentrent principalement dans sa dernière partie. Il s’agit principalement de l’odyssée de la soucoupe volante vers la planète Metaluna en plein déclin cataclysmique, au cours de laquelle les protagonistes voyagent debout dans des cylindres transparents leur donnant l’apparence de squelettes colorés, ou encore de l’attaque du mutant cuirassé dont la tête d’insecte se prolonge par un cerveau proéminent. Cette créature, qui menace à deux reprises Faith Domergue, s’est muée en véritable icône du cinéma de SF des années cinquante grâce à son design inventif. Pour muscler un peu ce climax spatial, le vétéran Jack Arnold fut apparemment sollicité par les patrons d’Universal et tourna ainsi lui-même quelques scènes additionnelles.

Voiture contre soucoupe volante

Mais la majeure partie du métrage se déroule sur Terre, d’abord dans le laboratoire des héros, intrigués par l’avancée technologique d’une société inconnue dirigée par le mystérieux Exeter, puis dans la somptueuse demeure dudit Exeter. L’idylle entre les deux jeunes protagonistes s’avère relativement insipide, d’autant que Faith Domergue, engoncée dans un uniforme exagérément serré, ne nous frappe pas par son sex-appeal. Cela dit, le film sait multiplier les péripéties captivantes, comme la construction fébrile de l’Interociter, la voiture pourchassée par la soucoupe volante, ou encore le sacrifice final d’Exeter. Comment ne pas envier les spectateurs américains qui eurent la chance, dans la chaleur de l’été 1960, d’apprécier une double programmation des Survivants de l’Infini et de Planète interdite, spécialement conçue pour une projection en drive-in ? 

 

© Gilles Penso

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