THE JANE DOE IDENTITY (2016)

Deux médecins légistes sont chargés de l’autopsie du corps d’une jeune femme inconnue… et se préparent à vivre un cauchemar

THE AUTOPSY OF JANE DOE

 

2016 – USA / GB

 

Réalisé par André Øvredal

 

Avec Emile Hirsch, Brian Cox, Ophelia Lovibond, Michael McElhatton, Olwen Catherine Kelly

 

THEMA MORT

Le succès de The Troll Hunter ouvrit au réalisateur norvégien André Øvredal les portes d’Hollywood et le poussa à prouver qu’il n’était pas l’homme d’un seul film. C’est le visionnage de The Conjuring : les dossiers Warren qui le conforta dans l’idée de diriger un film d’épouvante à la narration plus « traditionnelle » que son found footage à base de Trolls géants. Restait à trouver le bon sujet. C’est le scénario The Autopsy of Jane Doe, co-écrit par Ian Goldberg et Richard Naing, qui lui tapa dans l’œil et lui permit de tourner son premier film en langue anglaise. Deux personnages principaux, une unité de lieu et de temps, une atmosphère pesante qui tourne progressivement au cauchemar : tels sont les ingrédients de The Jane Doe Identity, un « film concept » dont l’efficacité repose justement sur la simplicité de son argument.

Sur une scène de crime sanglante, le shérif d’une petite ville des États-Unis découvre en plus des victimes le corps intact d’une jeune femme non identifiée (Olwen Catherine Kelly). Tommy (Brian Cox) et son fils Austin (Emile Hirsch), médecins légistes, sont chargés d’identifier au plus vite les causes de la mort de cette « Jane Doe » (autrement dit « Madame tout le monde »). Austin décale donc son rendez-vous avec sa petite amie Emma (Ophelia Lovibond) et s’apprête à passer la nuit à décortiquer avec son père le cadavre de la belle inconnue. Or plus ils analysent ce corps, plus ils se perdent en conjectures, car l’organisme de « Jane Doe » semble désobéir aux lois anatomiques les plus élémentaires. Couche d’épiderme après couche d’épiderme, le mystère s’épaissit… C’est alors que surviennent les phénomènes inexpliqués, transformant peu à peu cette autopsie nocturne en descente aux enfers.

La mort lui va si bien

Il faut reconnaître qu’André Øvredal n’a pas son pareil pour établir une ambiance inquiétante, ponctuant le récit de petits éléments de plus en plus insolites, sous le regard désespérément vitreux de ce cadavre énigmatique, tout en s’attachant à une relation père-fils crédible parce que dessinée sobrement, en retenue. Mais après une première heure remarquable, inscrivant le récit dans un cadre ultra-réaliste pour mieux y disséminer l’étrangeté, l’angoisse et finalement l’horreur, le scénario cède à la facilité de rebondissements un peu gratuits et s’encombre d’explications à rallonge conçues pour dissiper artificiellement le mystère. Du coup, une grande partie de l’originalité du film s’étiole dans un dernier tiers cédant plus volontiers aux lieux communs. Malgré ce gros bémol, l’impact et les qualités intrinsèques de The Jane Doe Identity demeurent, incitant Stephen King à se fendre d’une dithyrambe qui sera reprise sur le matériel publicitaire du film : « Une horreur viscérale digne d’Alien et des premiers films de Cronenberg. Voyez-le, mais pas tout seul. » Il faut souligner le jeu tout en sobriété de Brian Cox (remplaçant au pied levé un Martin Sheen finalement indisponible) et d’Emile Hirsch, mais aussi la performance complexe d’Olwen Catherine Kelly. Sélectionnée pour son indiscutable photogénie mais aussi pour ses capacités à contrôler sa respiration et les moindres frémissements de son corps grâce à une pratique régulière du yoga, la comédienne nimbe tout le film de sa présence déconcertante, et ce sans bouger un seul orteil… ou presque !

© Gilles Penso

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