LA RÉVOLTE DES MORTS-VIVANTS (1972)

Des templiers du treizième siècle reviennent hanter l’Espagne contemporaine sous forme de zombies encapuchonnés

LA NOCHE DEL TERROR CIEGO

 

1972 – ESPAGNE

 

Réalisé par Amando de Ossorio

 

Avec Lone Fleming, Cesar Burner, Maria Elena Arpon, Joseph Thelman, Rufino Ingles, Veronica Llimera, Simon Arriaga

 

THEMA ZOMBIES I SAGA LES TEMPLIERS MORTS-VIVANTS

Trois ans après la révolutionnaire Nuit des Morts-Vivants de George A. Romero, l’Espagnol Amando de Ossorio décide de proposer une variante originale sur le thème du zombie, en éloignant tout aspect science-fictionnel pour s’inscrire dans un folklore ancestral et un mythe médiéval. Ses morts-vivants sont des Templiers du treizième siècle qui furent exécutés et aveuglés avec des corbeaux (d’où le titre original, que l’on pourrait traduire par « La Nuit de la Terreur Aveugle »). Ce cruel châtiment leur fut infligé après la découverte de leurs impardonnables forfaits, autrement dit l’assassinat de nombreuses femmes au cours de rituels sanglants censés leur conférer la vie éternelle. Or sept siècles plus tard, la belle Virginia White (Elena Arpon), suite à une scène de jalousie avec son ex-amante Betty Turner (Lone Fleming) et l’ami de celle-ci Roger Wholen (Cesar Bruner), saute d’un train en marche et s’installe pour la nuit dans un monastère abandonné, au beau milieu du village maudit de Berzano. Il n’en faut pas plus pour réveiller les Templiers, qui sortent illico de leur tombe…

Exit donc les cadavres ambulants au teint blafard et aux tenues contemporaines plus ou moins délavées. Ici, les morts-vivants sont des squelettes encapuchonnés dans des bures élimées qui chevauchent au ralenti de noires montures. Cela dit, si le look de ces zombies est plutôt novateur, leur mode de fonctionnement ne diffère guère de ceux de Romero : ils déambulent pesamment et en silence, agressent les humains et les contaminent en les mordant sauvagement. Le film d’Ossorio bénéficie d’une indéniable photogénie, et se pare de séquences macabrement poétiques du plus bel effet. Ainsi, les deux grandes scènes de résurrection dans le cimetière nocturne et enfumé sont-elles mémorables, tout comme l’agression de l’employé de la morgue par une belle victime devenue zombie à son tour, ou encore l’intrusion de la même morte-vivante dans une fabrique de mannequins nimbée de la lueur surréaliste et intermittente d’un grand néon publicitaire.

Horreur et photogénie

Cette Révolte des Morts-Vivants prône d’ailleurs avant tout son esthétisme, aux dépens d’un scénario basique, d’une logique évasive, de dialogues souvent ineptes, d’un rythme pas toujours soutenu et de personnages translucides qui mènent mollement l’enquête et se livrent à des chassés croisés amoureux guère palpitants. Les diverses comédiennes qui émaillent le film semblent d’ailleurs avoir été sélectionnées moins pour leurs talents d’actrices que pour leurs charmes et leur impudeur, la plupart d’entre elles ayant plus d’une fois l’occasion de se retrouver les seins ou les fesses à l’air, sans parler d’une petite séquence saphique d’une ostensible gratuité. Car Ossorio se plait à mêler horreur et érotisme, comme dans ce flash-back médiéval où les Templiers, en plein sacrifice, lardent de coups d’épées la poitrine dénudée d’une malheureuse jouvencelle. Ayant créé la surprise et généré un certain succès, La Révolte des Morts-Vivants donnera suite à trois autres épisodes brassant les mêmes thématiques et développant du même coup une mini saga parallèle à celle de Romero.

 

© Gilles Penso

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