PSYCHOSE IV (1990)

Conçu directement pour le petit écran, ce quatrième épisode donne au jeune Norman Bates les traits de Henry Thomas, l’inoubliable héros en culottes courtes de E.T.

PSYCHO IV

 

1990 – USA

 

Réalisé par Mick Garris

 

Avec Henry Thomas, Olivia Hussey, Anthony Perkins, CCH Pounder, Warren Frost, Donna Mitchell, John Landis

 

THEMA TUEURS I SAGA PSYCHOSE

Le téléfilm Bates Motel n’ayant pas déplacé les foules devant les écrans de télévision, la série qui devait en découler ne voit pas le jour. Universal décide donc de doter la saga d’un quatrième épisode, sans tenir compte de cet encombrant pilote qui s’apprête à sombrer dans l’oubli, et convainc non seulement Anthony Perkins mais aussi le scénariste Joseph Stefano de reprendre du service. Psychose IV, produit en 1990, est directement destiné à la télévision et ne tient pas vraiment compte non plus des événements survenus dans Psychose II et Psychose III, malgré son titre. La mise en scène est confiée à Mick Garris, qui a fait ses débuts comme réalisateur de making of de films (Hurlements, Les Goonies) avant de diriger le réjouissant Critters 2 et l’un des épisodes de la série Les Cauchemars de Freddy. Côté musique, c’est Graeme Revell qui prend le relais, ignorant les travaux de Jerry Goldsmith et de Carter Burwell pour reprendre à sa manière plusieurs des thèmes originaux de Bernard Herrmann. C’est donc à un retour aux sources que semble vouloir nous convier ce téléfilm.

Psychose IV prend place dans le studio d’enregistrement de l’émission de radio « KTC Le Pouls de la Cité » animée par Fran Ambrose (CCH Pounder) et consacrée aux garçons matricides. Au téléphone, un auditeur prend la parole. C’est Norman Bates, toujours incarné par Anthony Perkins. Il déclare qu’il a déjà tué, et qu’il va devoir recommencer. Le film se structure alors sous forme de flash-back successifs au cours desquels Bates, apparemment équilibré, apaisé et marié à Connie, une infirmière qu’il a rencontrée lorsqu’il était interné (Donna Mitchell), raconte les épisodes les plus traumatisants de sa jeunesse et se remet à basculer progressivement dans la psychopathie que nous lui connaissons. Le pseudonyme qu’il a choisi pour s’adresser aux auditeurs est Ed, sans doute en référence au tueur réel Ed Gein qui inspira la nouvelle de Robert Bloch. La narration de ce téléfilm se déroule en temps réel, au fil de l’émission de radio. Au cours des flash-backs, nous découvrons Norman jeune, cette fois-ci incarné par Henry Thomas. C’est une excellente idée de casting, car le héros d’E.T. réinterprète avec beaucoup de retenue et de subtilité le timide Norman, reprenant à son compte le jeu corporel de Perkins dans le film original d’Alfred Hitchcock. Sa mère a pris les traits d’Olivia Hussey. Avec beaucoup de conviction, la comédienne parvient tour à tour à exhaler une beauté altière ou une effrayante rigueur psychotique. Ses relations avec son fils, à la lisière de l’inceste, créent le malaise. Elle lui demande par exemple de s’allonger en sous-vêtements dans son lit avec elle car elle est effrayée par l’orage, ou de lui enduire le corps avec de l’essence de fleur d’oranger ! Passant par des phases hystériques, colériques, hilares ou paisibles, cette Norma Bates sait inquiéter les téléspectateurs avec beaucoup d’efficacité. Passablement déséquilibré, le jeune Norman supporte très mal la présence d’un amant dans le lit de sa mère et, en désespoir de cause, les empoisonne tous deux à la strychnine, au cours d’une scène de mise à mort lente et éprouvante.

Le meurtre dans la peau

En s’appuyant sur une très belle photographie de Rodney Charters, Mick Garris stylise avec soin sa mise en scène, et ce dès le générique – annonciateur de celui de la série Dexter – dans lequel les gros plans de gestes quotidiens du matin ont tous une connotation liée au meurtre et au sang. Garris se réapproprie aussi certaines scènes clefs du film d’Hitchcock qu’il détourne habilement, comme la voiture qui s’enfonce dans le lac avec un cadavre à l’intérieur ou la femme au volant, sous la pluie, qui se dirige en pleine nuit vers le motel tandis qu’on entend sa voix off. Ce quatrième Psychose ayant été conçu pour la télévision, il est logiquement tourné au format 4/3 (les écrans HD n’étant pas encore entrés dans les foyers), son économie de moyens et son format nous ramenant au film de 1960 tourné lui aussi avec un budget et une équipe de la télévision. Psychose IV, qui s’achève sur un grand brasier purificateur digne des adaptations d’Edgar Poe par Roger Corman, fait forte impression à Stephen King qui le découvre sur son petit écran et qui proposera dans la foulée à Mick Garris de réaliser La Nuit Déchirée. Ce sera le point de départ d’une longue et heureuse collaboration entre les deux hommes.

 

© Gilles Penso

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