LE MONSTRE DU TRAIN (1980)

Un réveillon costumé à l’intérieur d’un vieux train à vapeur est ensanglanté par les méfaits d’un tueur psychopathe

TERROR TRAIN

 

1980 – USA / CANADA

 

Réalisé par Roger Spottiswoode

 

Avec Jamie Lee Curtis, Ben Johnson, Hart Bochner, David Copperfield, Derek McKinnon, Sandee Currie, Timothy Webber, Anthony Sherwood

 

THEMA TUEURS

Le succès international de La Nuit des masques ne pouvait laisser personne indifférent. Alors que la mode du slasher commence à se répandre comme une traînée de poudre, le producteur exécutif Daniel Grodnik ne veut pas rester sur le bas-côté et initie un projet qu’il résume en quelques mots : « Halloween dans un train ». Grodnik décide ainsi de reprendre les ingrédients clé du film de John Carpenter, autrement dit un tueur masqué ayant vécu un traumatisme, un groupe de jeunes déguisés destinés à se muer en chair à saucisse pendant une soirée festive (le jour de l’an remplaçant le 30 octobre) et la comédienne principale Jamie Lee Curtis. Celle-ci accepte, alors qu’elle vient tout juste de finir le tournage du Bal de l’horreur, tandis que le scénariste T.Y. Drake rédige un script complet en un temps record. La mise en scène est confiée à Roger Spottiswoode, monteur de Sam Peckinpah et Walter Hill qui effectue ici son baptême de réalisateur (et qui signera plus tard des films tels qu’Under Fire, Randonnée pour un tueur, Air America ou Demain ne meurt jamais). Tourné en novembre 1979 à Montréal, Terror Train sera rebaptisé par certains distributeurs After Halloween, histoire d’accentuer artificiellement la filiation avec La Nuit des masques. En France, on préfère le titre Le Monstre du train, comme pour semer le doute quant à une éventuelle nature surnaturelle de l’assassin.

Tout commence par une très mauvaise blague. Pour célébrer leur première année de médecine, des étudiants surexcités festoient gaiement et incitent les plus inexpérimentés d’entre eux à perdre leur virginité. Timide et introverti, Kenny (Derek McKinnon) est ainsi attiré par la voix enjôleuse d’Alana (Jamie Lee Curtis) qui lui propose de le rejoindre dans la pénombre d’une chambre à coucher. Mais la silhouette féminine qui l’attend dans le lit est un cadavre ensanglanté qui a été dérobé à la morgue. La farce macabre tourne mal et s’achève sur les hurlements hystériques de Kenny. Trois ans plus tard, l’eau a coulé sous les ponts et nos étudiants euphoriques décident de fêter la nouvelle année en organisant un grand réveillon costumé dans un vieux train à vapeur. Au programme : des déguisements, de l’alcool, de la drogue, un groupe de rock et un magicien (interprété par un tout jeune David Copperfield). Toute la joyeuse bande est là, y compris Alana qui regrette encore de s’être prêtée à la plaisanterie glauque ayant provoqué l’hospitalisation du pauvre Kenny. Or le bal masqué itinérant commence à virer au cauchemar lorsqu’un tueur caché parmi les fêtards se met à assassiner un à un les étudiants en liesse…

Le monstre aux mille visages

L’idée d’un slasher se déroulant dans un décor en perpétuel mouvement apporte une certaine originalité au film sans pour autant lui permettre de transcender ce genre alors en plein essor. Car même si le train roule pendant la quasi-totalité du récit, l’enchaînement des compartiments s’appréhende comme autant de huis-clos à la topographie familière (couloirs, pièces sombres, cloisons). La véritable nouveauté du scénario est à chercher du côté de l’enveloppe physique du tueur. Celui-ci change en effet sans cesse d’apparence, adoptant à chaque fois le déguisement de sa dernière victime. Tel un serpent en mue permanente, il devient tour à tour Groucho Marx, une vieille sorcière ou une créature reptilienne. D’où un titre français finalement pas si inapproprié. Mais ce n’est pas un simple gimmick cosmétique. Car la nature même de l’assassin est liée à sa quête d’identité et au travestissement. Du coup, la présence de David Copperfield et de ses tours de passe-passe prend tout son sens, puisque l’illusion et le faux-semblant sont au cœur de l’énigme. Finalement moins routinier qu’il n’y paraît, Le Monstre du train s’achève sur une confrontation riche en rebondissements entre le psycho-killer et Jamie Lee Curtis, confirmant ici un statut de « scream queen » qu’elle prolongera avec Fog, Déviation mortelle et Halloween 2.

 

© Gilles Penso



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