LES MONSTRES DU CONTINENT PERDU (1975)

La période « naïve » des aventures du Roi des Monstres s’achève sur une note mitigée… avant sa résurrection dix ans plus tard

MEKA-GOJIRA NO GYAKUSYU

 

1975 – JAPON

 

Réalisé par Inoshiro Honda

 

Avec Katsuhiko Sasaki, Tomoko Ai, Akihiko Hirata, Tadao Nakamaru, Goro Mutsumi, Katsumasa Uchida, Kazumari Mori

 

THEMA DINOSAURES I ROBOTS I EXTRA-TERRESTRES I SAGA GODZILLA

Pendant le générique de début des Monstres du continent perdu se déroulent des images empruntées à Godzilla contre Mecanik Monster. On y assiste au combat mouvementé entre Godzilla et son double robotique. Pulvérisé, le robot – ou du moins ce qu’il en reste – est recherché par un sous-marin nucléaire, l’Akatsuki, bientôt détruit par un monstre préhistorique à crête plutôt impressionnant, le Titanosaure. Cette créature avait été étudiée quinze ans plus tôt par le professeur Mafune, mais personne ne l’avait pris au sérieux à l’époque, d’autant qu’il prétendait pouvoir téléguider l’animal à distance. Lorsque des agents d’Interpol recherchent le vénérable savant, c’est pour découvrir qu’il est mort depuis cinq ans, aux dires de sa fille Katsura. Mais en réalité, Mafune a accepté de collaborer avec une race extra-terrestre dont la planète est mourante, et qui souhaitent conquérir la Terre, comme dans Objectif Terre, mission apocalypse. Ils projettent sans vergogne d’ordonner à Titanosaurus et à MechaGodzilla, qu’ils viennent de reconstruire, de ravager Tokyo pour y bâtir une cité futuriste à leur goût. Pendant ce temps, un nouveau sous-marin, l’Akatsuki 2, s’apprête à replonger pour étudier le Titanosaure, et Katsura est conviée à faire partie de l’expédition par le jeune scientifique Ichinose, pas insensible à ses charmes.

Le scénario ne reculant devant aucun excès science-fictionnel, Katsura s’avère être un cyborg. Laissée pour morte suite à une expérience avec son père qui tourna mal, la belle fut en effet ramenée à la vie par les extra-terrestres, qui remplirent généreusement son organisme d’un assemblage de transistors. Pour l’anecdote, on note que les distributeurs Américains, très prudes, coupèrent sans appel la scène de l’opération dans leur copie du film, car on y voyait la poitrine nue de la jeune fille surplombant une machinerie complexe. Toujours est-il que Katsura aide les aliens dans leur funeste mission. Mais au cours de l’expédition du Akatsuki 2, on découvre que Titanosaurus craint les ultrasons. Une « unité anti-dinosaure » est donc mise en place d’urgence, afin de fabriquer un oscillateur supersonique. En attendant, MechaGodzilla et Titanosaurus ravagent Tokyo de manière très spectaculaire, l’un avec ses yeux laser et ses griffes missiles, l’autre avec sa queue palmée capable de provoquer de redoutables tempêtes, jusqu’à ce qu’enfin Godzilla daigne montrer le bout de son museau.

La fin de Godzilla ?

Effets visuels, maquettes, décors et costumes sont ici très soignés, signe d’un retour aux commandes du perfectionniste Inoshiro Honda. L’infantilisation des opus signés Jun Fukuda a d’ailleurs cédé le pas à une intrigue plus ancrée vers le sérieux et le premier degré. Ce qui n’empêche pas le film d’enregistrer des scores catastrophiques au box-office, signant officiellement la fin des aventures de Godzilla et la mise à la retraite anticipée de son réalisateur/créateur. Le dinosaure aux œufs d’or aurait-il été définitivement tué ? On le crut pendant longtemps, jusqu’à sa résurrection une décennie plus tard. Les Monstres du continent perdu – qui ressortira en vidéo en 1997 sous le titre MechaGodzilla contre-attaque – marque donc la fin de l’ère « Showa », première période de la vie cinématographique du monstre favori des Japonais.

 

© Gilles Penso



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