PYROMANIAC (1979)

Traumatisé dans son enfance, un psychopathe pyromane kidnappe des jeunes femmes pour les brûler vives…

DON’T GO IN THE HOUSE

 

1979 – USA

 

Réalisé par Joseph Ellison

 

Avec Dan Grimaldi, Colin McInness, Charlie Bonet, Bill Ricci, Robert Osth, Ruth Dardick, Johanna Brushway, Ralph D. Bowman, Joey Peschl, Christian Isidore

 

THEMA TUEURS

Passionné par le cinéma depuis qu’il découvre l’œuvre de Fellini, Joseph Ellison commence à œuvrer dans l’industrie du film en touchant un peu à tout sur différentes petites productions de genre du début des années 70. C’est en 1979 qu’il parvient enfin à diriger son premier film, Don’t Go in the House, conçu clairement comme une relecture de Psychose. Armé d’un budget d’à peine 250 000 dollars, Ellison raconte l’histoire sordide de Donnie Kohler (Dan Grimaldi), un homme solitaire et taciturne qui travaille dans un incinérateur et entretient une relation complexe de crainte/fascination avec le feu. Reclus dans une ancienne maison avec une mère malade qui exerce encore une forte emprise sur lui, Donnie a vécu un traumatisme d’enfance dont il ne s’est jamais remis, et pour cause ! Chaque fois que son comportement laissait à désirer, sa génitrice lui empoignait les bras et les brûlait sur les flammes d’une gazinière. D’où de vilaines cicatrices qui ornent depuis ses avant-bras. Le soir où Donnie découvre que sa mère est passée de vie à trépas, tout bascule. Passant de la panique à l’euphorie puérile en quelques secondes, il se laisse guider par des voix qui vont dicter son plongeon irrémédiable vers la folie meurtrière.

Le mode opératoire de ce psychopathe pyromane est invariable. Il propose à des jeunes femmes de les ramener chez elles, fait une halte dans sa maison, les invite à l’attendre quelques minutes à l’intérieur, les assomme et les enchaîne dans une pièce aux murs métalliques spécialement aménagée à l’étage. Là, revêtu d’une combinaison ignifugée, il empoigne un chalumeau et les brûle vive. La première mise à mort du film est d’autant plus éprouvante qu’elle est filmée crument, sans artifice, concrétisée par des effets spéciaux simples mais redoutablement efficaces (la pyrotechnie est assurée par Peter Kunz et les maquillages spéciaux par Tom Brumberger). En parfait émule de Norman Bates, Donnie conserve le cadavre de sa mère dans sa chambre laissée intacte, entend parfois sa voix autoritaire et se persuade qu’elle est toujours vivante. Mais Pyromaniac annonce aussi par bien des aspects le Maniac de William Lustig qui sortira sur les écrans un an plus tard. Car notre tueur désaxé garde chez lui les corps de chacune de ses victimes en les habillant soigneusement (avec les robes de sa mère !) et finira, au cours du climax, par les voir toutes revenir à la vie pour se jeter sur lui. D’autres séquences de cauchemar ponctuent ce métrage décidément très perturbant, comme ce rêve où des créatures aux allures de zombies empoignent Donnie au milieu du désert pour l’entraîner sous terre, ou ces visions récurrentes de sa mère calcinée qui se dresse dans les couloirs en le fixant d’un regard perçant. L’épilogue du film, cruellement ironique, laisse imaginer d’autres futurs terribles ravages d’une enfance maltraitée.

 « Suppliez-le pour qu’il vous tue d’abord ! »

Alors que la mode est au slasher grâce au triomphe de La Nuit des masques, Don’t Go in the House aurait dû logiquement s’inscrire dans cette vogue. Mais le premier long-métrage de Joseph Ellison est inconfortable et très peu récréatif, plus conçu comme une descente aux enfers que comme un train fantôme pour adolescents. Résultat : les journalistes l’accueillent avec une salve de critiques acerbes condamnant sa violence brute et le public ne se déplace pas en masse. En France, le film connaîtra un certain succès dans les vidéoclubs, en grande partie grâce à la jaquette très spectaculaire conçue par Laurent Melki. « Quand on y regarde de près, ce dessin n’est pas du tout réaliste », avoue ce dernier. « C’est une relecture très personnelle de ce qui se passe dans le film. J’ai dessiné des mains qui sortent du sol à l’avant-plan, comme s’il s’agissait de morts-vivants, alors qu’à l’écran ce sont des cadavres noirs et brûlés. J’ai voulu aller un peu plus loin que ce qui se passe dans le film. Je m’imaginais que la nuit, les victimes du tueur ressuscitaient et l’attaquaient pour le dévorer ! » (1) Non content de signer cette affiche mémorable, Melki est chargé de trouver lui-même un titre français plus percutant qu’une simple traduction de Don’t Go in the House (« N’allez pas dans la maison »). « Je trouvais que Pyromaniac, ça marquait bien les esprits ! » nous confesse-t-il « C’était un titre choc. Et j’avais trouvé le slogan : “Suppliez-le pour qu’il vous tue d’abord“. C’était l’époque des phrases d’accroche tapageuses. Aujourd’hui, des agences de communication sont payées des fortunes pour trouver les titres et les slogans. Moi je faisais ça gratuitement. Les distributeurs me faisaient une confiance aveugle, me laissaient apposer sur les films ma vision subjective… et en contrepartie ils faisaient des économies ! » (2) Déçu par l’accueil réservé à son film, Ellison mettra six ans pour repasser derrière la caméra, à l’occasion du drame Joey le rocker, puis quittera définitivement le milieu du cinéma.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en février 2018

 

© Gilles Penso



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