CONTAMINATION (1980)

Sous l’influence d’Alien, Luigi Cozzi met en scène une menace extraterrestre à base d’œufs gélatineux provoquant moult morts dégoulinantes

CONTAMINATION

 

1980 – ITALIE / ALLEMAGNE

 

Réalisé par Luigi Cozzi

 

Avec Ian McCulloch, Louise Marleau, Marino Masé, Siegfried Rauch, Gisela Hahn, Carlo de Mejo, Carlo Monni

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Le prologue de Contamination, très prometteur, évoque l’un des épisodes clés du roman « Dracula » de Bram Stoker mais aussi la fameuse scène d’introduction de L’Enfer des zombies de Lucio Fulci. On y voit un navire sans équipage entrer au port de New York. Cinq hommes l’inspectent et découvrent les cadavres atrocement déchiquetés d’une partie de l’équipage. Dans des caisses marquées « café », des sortes d’œufs verdâtres peu ragoûtants éclosent et provoquent la mort dégoulinante de quatre hommes de l’équipe. Décontaminé, Tony Harris (Marino Masé), le policier qui a survécu au drame, localise la société d’import dont le hangar abrite les mêmes caisses d’œufs. Il mène donc l’enquête aux côtés de Stella Holmes (Louise Marleau), une scientifique de l’armée. Collectant les indices au compte-goutte, tous deux finissent par relier les œufs au commandant Ian Hubbard (Ian McCulloch), l’un des cosmonautes ayant participé au dernier voyage sur Mars. Revenu traumatisé par la vue de son coéquipier hypnotisé par une forme de vie inconnue, notre homme a désormais sombré dans l’alcool et le discrédit. D’autant que son collègue a disparu sans laisser de trace peu après leur retour sur Terre. Parvenus à la plantation de café qui sert de couverture à la culture des œufs, le policier, la scientifique et l’astronaute font bientôt face à la menace du « cyclope », un monstrueux Martien qui semble à l’origine d’un vaste complot pour envahir notre planète.

Contamination souffre d’un évident manque de personnalité, laissant trop souvent planer l’ombre d’Alien auquel Luigi Cozzi (sous son pseudonyme habituel Lewis Coates) se réfère directement lorsqu’il fait exploser la poitrine des victimes de ces fameux œufs extra-terrestres. Le premier titre du scénario était d’ailleurs Alien Arrives on Earth, et le film fut distribué aux États-Unis sous le titre Alien Contamination afin d’en assumer ouvertement l’influence (et de laisser croire à certains spectateurs crédules qu’il s’agissait d’une sorte de séquelle du classique de Ridley Scott). Le scénario se met assez rapidement à collectionner les poncifs des mauvais films d’aventure italiens, qui étaient alors légion dans les années 80. Et malheureusement, la terreur de la contamination annoncée par le titre est complètement occultée aux profits d’une intrigue à l’intérêt finalement très limité. Seul véritable élément distractif : les explosions de poitrine qui ponctuent régulièrement le récit et qui respectent les règles du bon goût instaurées par les cinéastes transalpins de l’époque, Lucio Fulci et Joe d’Amato en tête. De fait, les intestins voltigent, le sang asperge le décor et les bruitages sont à l’avenant.

« Au secours, il y a un œuf ! »

Du coup, certains dialogues atteignent certains sommets de ridicule, notamment lorsque notre héroïne paniquée crie : « Au secours ! Laissez-moi sortir ! Il y a un œuf ! » Au moment du dénouement, la menace martienne n’est plus suggérée mais montrée sous toutes ses coutures. Hélas, le monstre en question (conçu par Claudio Mazzoli et construit par Giorgio Ferrari) est un amas de latex grotesque affublé d’un gros œil lumineux du plus mauvais effet et d’un appendice dévoreur dont l’aspect vaginal nous ramène aux designs de Giger et donc – une fois de plus – à Alien. Le réalisateur s’avouera très déçu par cette créature, qu’il imaginait plus mobile et plus crédible. Sa volonté initiale était d’ailleurs d’utiliser sa technique préférée, la stop-motion. La musique des Goblin, l’un des rares éléments réjouissants de Contamination, prend une tournure envoûtante au moment du flash-back sur Mars, orné de maquettes et d’effets visuels signés Armando Valcauda, déjà sollicité par Luigi Cozzi sur Star Crash. Les nombreuses incohérences du film s’expliquent en partie par les divergences d’opinion de Cozzi et de son producteur Claudio Mancini, le premier préférant accentuer le caractère science-fictionnel de Contamination et le second espérant une aventure d’espionnage à la James Bond.

 

© Gilles Penso

 

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