L’ENFER DES ZOMBIES (1979)

Lucio Fulci s'inscrit dans la continuité des travaux de George Romero pour bâtir sa propre mythologie des morts-vivants

ZOMBI 2 / THE ISLAND OF THE LIVING DEAD

1979 – ITALIE

Réalisé par Lucio Fulci

Avec Tisa Farrow, Ian McCulloch, Richard Johnson, Al Cliver, Auretta Gay, Stefania d’Amario, Olga Karlatos

THEMA ZOMBIES

Si George Romero est aux films de zombies ce que John Ford était au western, on peut affirmer sans vergogne que Lucio Fulci est aux zombies italiens ce que Sergio Leone était aux westerns spaghettis. Sa vision transalpine est donc plus brute, plus crue, et si l’aspect socio-politique des films de Romero y est totalement évacué, l’épouvante y prend une dimension différente, plus volontiers ancrée dans les peurs primales, les anciennes croyances et les rites païens. Indûment présenté comme la suite de Zombie (la véritable suite, Le Jour des morts-vivants, ne sera réalisée que six ans plus tard), cet Enfer des zombies ressemble plutôt à une « préquelle », puisqu’il raconte comment les morts se mettent soudain à ressusciter sur l’île de Matoul, au beau milieu des Caraïbes, où sont pratiquées des cérémonies vaudou. Alors qu’Anne Bowles (Tisa Farrow), la fille d’un médecin, et le iournaliste Peter West (Ian McCulloch) mènent l’enquête sur place, les morts-vivants, ramenés à la vie par une intense faim anthropophage, assiègent un hôpital de l’île où se sont terrés les rares survivants d’un épouvantable massacre, puis prennent la mer et finissent par envahir les rues de New-York.

Cette image forte et inquiétante, qui clôt en beauté L’Enfer des zombies, constitue un formidable prologue au chef d’œuvre de Romero, et propose une explication possible de la situation décrite dans Zombie, tout en faisant du coup abstraction des suppositions science-fictionnelles échafaudées dans La Nuit des morts-vivants. Fidèle à son habitude, Fulci se raccroche à un scénario un peu chaotique et désordonné pour égrainer les scènes choc et les séquences gore du meilleur cru. Le prologue est déjà très impressionnant, puisqu’il décrit la lutte entre deux policiers et un zombie colossal à bord d’un navire fantôme accostant à Manhattan. Le mort-vivant finit à la mer où il égorge un requin, puis prend la fuite ! Le meilleur reste à venir, avec l’éveil d’un groupe de zombies conquistadors vieux de plusieurs siècles, sur la fameuse île, qui évoque quelque peu La Révolte des morts-vivants d’Amando de Ossorio et distille la même poésie macabre, sans parler de l’assaut final qui pour sa part tourne à la gigantesque boucherie.

Du grand-guignol à l'état pur

Et puis il y a toujours, chez Fulci, la séquence ultra-gore, où l’excès sanguinolent le dispute à la gratuité totale. Ici, il s’agit de l’œil d’une malheureuse survivante crevé en gros plan et en temps réel par une écharde ! Du grand-guignol à l’état pur, soutenu par les effets de maquillage outranciers de Gianetto de Rossi. L’Enfer des zombies est probablement l’une des plus grandes réussites de Fulci, une œuvre sans concession accompagnée pas à pas par une partition lancinante signée Fabio Frizzi et Giorgio Tucci. Même s’il n’entretient aucun rapport officiel avec la trilogie de George Romero, le film fut titré Zombi 2 en Europe et Zombie aux Etats-Unis. Et dès lors, le coup d’envoi était donné à une série d’imitations italiennes plus ou moins heureuses, signées par des artisans tels qu’Umberto Lenzi (L’Avion de l’apocalypse), Joe d’Amato (La Nuit fantastique des morts-vivants), Marino Girolami (La Terreur des zombies) ou Bruno Mattei (Virus cannibale).

© Gilles Penso

Partagez cet article