S’ensuit un pugilat titanesque, dont la folie destructrice dépasse celle pourtant gratinée du film précédent. À cette bataille participent un bombardier futuriste capable de propulser des rayons réfrigérants, ainsi que le fils de Godzilla. Celui-ci n’a plus rien d’un évadé des Télétubbies ou des Tortues Ninja. Son allure de saurien carnassier au long cou effilé, à la queue de serpent et à la crête dorsale discrète en fait le monstre le plus réussi du film, d’autant que, pour une fois, il ressemble vraiment à un dinosaure. Si Destroyah est enfin vaincu à l’issue du film, les dommages collatéraux sont considérables. Car Godzilla Jr s’y écroule tristement, laissé pour mort, tandis que son père, rongé peu à peu par son cancer radioactif, se dissout douloureusement jusqu’à retourner au néant. Un climax surprenant et presque poignant, tempéré tout de même par une dernière image, magnifique : au milieu des fumées et des débris surgit bientôt la silhouette familière d’un grand dinosaure atomique. Godzilla renaît-il de ses cendres ? Son rejeton a-t-il assuré la relève ? Aucune réponse officielle ne sera donnée à ces interrogations, Godzilla contre Destroyah marquant la fin de l’ère « Heisei » avant le troisième cycle nippon des aventures du « Roi des Monstres » relancé en 1999.
© Gilles Penso