D’autre part, le scénario choisit de faire comprendre progressivement la clef du mystère aux protagonistes et aux spectateurs via une série de déductions et d’indices qui s’assemblent jusqu’à ce que le puzzle s’assemble. Voilà qui s’avère bien plus efficace que les raccourcis du film initial, logiquement frustrants pour les lecteurs familiers du roman de Suzuki. Enfin, un lien plus étroit est établi entre les images de la fameuse cassette (qui évoque beaucoup les essais surréalistes de Luis Buñuel, notamment Un Chien andalou et L’Âge d’or) et la réalité. Ainsi, plusieurs éléments vus sur la vidéo réapparaissent au cours du film, comme cette échelle, cette chaise, ce miroir, ce mille-pattes. Poussée à l’extrême, cette idée permet la construction de séquences très surprenantes, comme ce siphon coincé dans la gorge de Rachel, ou cette mouche qui ne se trouve pas du côté de l’écran qu’on imaginait. Exercice d’adaptation et de recyclage très réussi, Le Cercle se clôt sur une note inquiétante, comme le livre dont il s’inspire, et ouvre ainsi la voie à l’inévitable séquelle… ou plutôt le remake de la séquelle.
© Gilles Penso