SHEENA, REINE DE LA JUNGLE

La sculpturale Tanya Roberts incarne une version féminine de Tarzan, luttant contre de vils mercenaires qui menacent la jungle africaine…

SHEENA, QUEEN OF THE JUNGLE

 

1984 – USA

 

Réalisé par John Guillermin

 

Avec Tanya Roberts, Donovan Scott, Trevor Thomas, Ted Wass, Elizabeth de Toro, France Zobda, Clifton Jones, John Forgeham

 

THEMA EXOTISME FANTASTIQUE

Pendant féminin de Tarzan, héroïne de nombreuses bandes dessinées et de plusieurs serials depuis la fin des années trente, Sheena ne pouvait rêver plus belle interprète que Tanya Roberts. Du haut de son mètre soixante-treize, la sculpturale comédienne au regard azur entre à merveille dans les peaux de bête, s’érigeant en digne héritière de Raquel Welch dans Un million d’années avant JC. Il faut bien avouer que le film vaut principalement pour ses charmes et ceux de la jungle kenyane où furent captés les décors naturels, car l’intrigue pataude n’est pas à la hauteur d’un concept pourtant alléchant. A la tête de cette ambitieuse production exotique se trouve le trio signataire d’un King Kong déjà modérément convaincant : le producteur Dino de Laurentiis, le scénariste Lorenzo Semple Jr. et le réalisateur John Guillermin. Dommage que le compositeur John Barry ne se soit pas joint à l’équation comme pour les aventures du gorille géant. Car si Richard Hartley (The Rocky Horror Picture Show) tente bien d’insuffler une certaine dimension épique à sa partition, il abuse aussi de langoureux synthétiseurs qui imitent visiblement le style de Vangelis mais font surtout ressembler cette bande originale à une musique de bluette érotico-romantique.

Le film raconte les origines de la sauvageonne, une petite fille aux cheveux d’or dont les parents géologues, Philip et Betsy Ames (Michael Shannon et Nancy Paul), sont en quête d’une supposée « terre guérisseuse » au cœur de la savane imaginaire de Tigora. Mais le couple de scientifiques meurt dans un éboulement. Orpheline, la petite Janet est recueillie par Shaman (Elizabeth de Toro) qui appartient à la tribu fictive Zimbali, persuadée que la fillette a été envoyée par les dieux pour protéger son peuple. La voilà donc rebaptisée Sheena et presque érigée au statut de déesse. En grandissant, elle apprend à communiquer par télépathie avec les animaux (une aptitude que possédait Marc Singer dans Dar l’invincible aux côtés duquel combattait déjà la belle Tanya Roberts). Devenue adulte, la « reine de la jungle » voit son existence paisible menacée par des gens cupides désireux d’envahir Tigora pour en extraire le précieux minerai qu’il renferme. Le pays étant gangréné par la corruption et des luttes intestines couvant au sein-même des Zimbali, rien ne va plus. Heureusement, Sheena veille au grain. Épaulée par l’éléphant Chango, le zèbre Marika et le chimpanzé Tiki, notre sculpturale Tarzane s’érige contre les vils mercenaires sans scrupules prêts à sacrifier toutes les vies qui barreront leur route. Au cœur du combat, elle s’éprendra du beau et ténébreux reporter Vic Casey (Ted Wass).

La belle et les bêtes

Sheena la reine de la jungle est un projet qui mit dix ans à se concrétiser et dont le scénario passa entre de nombreuses mains. Le résultat final trahit cette longue passation. Chaque auteur sollicité (notamment Robert et Laurie Dillon, Michael Scheff, David Spector, Leslie Stevens, David Newman, Lorenzo Semple Jr.) a ajouté son grain de sel, tiraillant l’histoire dans des directions radicalement opposées. Certains traitements privilégiaient l’aspect exotique, d’autres le caractère romantique, d’autres encore les éléments fantastiques. Fruit de tous ces revirements et changements de ton, le script final ressemble à un patchwork sans âme qui ne sait visiblement pas sur quel pied danser et se barde d’incohérences. L’équipe technique du film n’est pas dupe. « Nous étions tous très fiers de participer à ce film, parce qu’il était tourné en plein Kenya et surtout parce que le réalisateur était le légendaire John Guillermin », nous confiait Jean-Claude Lagniez, qui était à l’époque membre de l’équipe des cascadeurs de Remy Julienne. « Sauf qu’en réalité nous avons déchanté en comprenant que nous étions en train de travailler sur l’un des plus gros navets de l’histoire du cinéma ! » (1) Sans être aussi catégorique, avouons que cette aventure surannée a sérieusement loupé le coche. Le public ne s’y trompera pas, réservant un accueil glacial au film qui ne parviendra que tardivement à rembourser son budget de 25 millions de dollars.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en février 2004

 

© Gilles Penso

 

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