UN COUP DE TONNERRE (2005)

Une nouvelle de Ray Bradbury adaptée par Peter Hyams : le cocktail était prometteur. Hélas, le résultat n’est clairement pas à la hauteur…

A SOUND OF THUNDER

 

2005 – USA

 

Réalisé par Peter Hyams

 

Avec Edward Burns, Catherine McCormack, Ben Kingsley, Armin Rhode, Heike Makatsch, Jemima Rooper, David Oyelowo

 

THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS I DINOSAURES

Lorsque Peter Hyams s’adonnait à la science-fiction dans les années 80, il nous offrait des chefs d’œuvre mixant l’anticipation, le thriller politique, le film de guerre et le western (le triptyque Capricorn One / Outland / 2010 reste inégalé). Hélas, l’homme s’est progressivement mué en faiseur anonyme broyé par la machine hollywoodienne. Rien ne nous prédisposait donc à nous enthousiasmer face à Un Coup de tonnerre, malgré son casting prestigieux et son concept fort tiré d’une célèbre nouvelle de Ray Bradbury. Et effectivement, le film fait pâle figure, même si ses prémisses intriguent et attisent la curiosité. Nous sommes en l’an 2055. Le businessman Charles Hatton (Ben Kingsley) exploite une technique de voyage dans le temps mise au point par le docteur Sonia Rand (Catherine McCormack) pour créer la puissante compagnie Time Safari. Ses clients, de très riches touristes, paient des fortunes pour se retrouver propulsés dans la préhistoire et y abattre des dinosaures. Armés de fusils de nitrogène liquide, ils sont guidés tout au long de la chasse par le docteur Travis Ryer (Edward Burns). Pour vanter les vertus de son entreprise, Hatton n’hésite pas à se comparer à Colomb découvrant l’Amérique, Armstrong posant le pied sur la Lune ou Brubacker atterrissant sur Mars (cette dernière référence étant un clin d’œil amusant à Capricorn One).

Mais ces voyages éclair dans le temps doivent se soumettre à des règles strictes. Il ne faut rien ramener du passé et ne rien toucher sur place, à part les dinosaures qui, de toutes façons, sont sur le point de mourir. « Quand on change quelque chose dans le passé, les conséquences ne sont pas immédiates, elles arrivent par vague, comme quand on jette un caillou dans l’eau », explique Rand. Or bien sûr, selon le principe de « l’effet papillon », des petits détails qui échappent à la vigilance de tout le monde finissent par créer des bouleversements inattendus. La température grimpe, les plantes se développent de manière alarmante, des insectes énormes prolifèrent… Puis surviennent les « bêtes » : des gorilles-dinosaures, des chauves-souris géantes, un gigantesque serpent de mer.

L'attaque des gorilles-dinosaures

Prenant dès lors de larges libertés avec la nouvelle de Bradbury, Un Coup de tonnerre finit par ressembler à une version « sérieuse » du Evolution d’Ivan Reitman. A l’instar du monde en pleine dégénérescence qu’il décrit, le scénario finit par se perdre lui-même dans ses absurdes circonvolutions. Même les effets visuels peinent à secourir ce film désespérément bancal. Car si les panoramas de la ville du futur sont très réussis, les monstres sont des créations numériques très moyennement convaincantes et les catastrophes à grande échelle (la vague temporelle qui engloutit la cité, la nuée d’insectes) ne sont même pas dignes d’un « direct to video » de bas-étage. La comédienne Catherine McCormack ne garde pas un souvenir impérissable de ce film. « Mon personnage est celui d’une scientifique sexy qui n’a pas froid aux yeux et se bat contre des monstres avec de gros calibres », résume-t-elle laconiquement. « Autant dire que je n’étais pas du tout à l’aise avec ce rôle. J’aurais voulu que le réalisateur me filme uniquement dans des plans larges, afin qu’on ne sente pas mon manque de conviction. J’espérais surtout que le film ne sortirait jamais sur les écrans… Mais hélas, il est sorti ! » (1)

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en avril 2007

 

© Gilles Penso

 

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