UNE FILLE POUR LE DIABLE (1976)

Avant de fermer ses portes, le studio Hammer produisait cette étrange fable satanique avec Nastassja Kinski et Christopher Lee

TO THE DEVIL A DAUGHTER

 

1976 – GB

 

Réalisé par Peter Sykes

 

Avec Christopher Lee, Nastassja Kinski, Richard Widmark, Honor Blackman, Denholm Elliott, Michael Goodlliffe, Eva Maria Meineke

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS

Au milieu des années 70, le studio Hammer est en bout de course. Luttant pour raviver les grands mythes du fantastique qui firent sa renommée, la compagnie britannique s’essouffle. Or coup sur coup, Rosemary’s Baby et L’Exorciste ont su secouer les spectateurs du monde entier, plus sensibles désormais à l’incursion du diable dans le monde moderne qu’aux exactions démodées de Dracula et Frankenstein. Dans l’espoir de surfer sur cette vague, le réalisateur Peter Sykes et le scénariste Christopher Wicking décident alors d’adapter le roman « To the Devil a Daughter » de Dennis Wheatley. Cet écrivain porta chance au studio, puisque Les Vierges de Satan, tiré d’un autre de ses livres, fut l’un des films culte de la Hammer en 1968. Les deux récits possèdent d’ailleurs de nombreux points communs, et Christopher Lee, qui agissait au nom des forces du bien dans Les Vierges de Satan, réintègre ici le camp des « méchants » qui lui sied si bien. L’intrigue d’Une Fille pour le diable se dévoile par bribes, comme les pièces d’un puzzle dont la vue d’ensemble nous échapperait de prime abord. Les motivations des personnages sont confuses et le spectateur peine à relier une série d’événements insolites.

Richard Widmark incarne John Verney, un écrivain spécialisé dans l’occulte. Alors que son dernier ouvrage s’apprête à sortir, il est abordé par un homme étrange, Henry Beddows (Denholm Elliott, futur Marcus Brody des Aventuriers de l’arche perdue). En échange d’un sujet passionnant pour un futur livre, Beddows demande à Verney de prendre soin de sa fille Catherine (Nastassja Kinski). Celle-ci est une nonne appartenant à un ordre mystérieux basé en Bavière, « Les Enfants de Notre Seigneur ». Chaque année, à l’occasion de son anniversaire, la jeune fille a le droit de sortir du couvent pour rencontrer son père. Mais cette année, un événement inquiétant semble se tramer. Nous découvrons bientôt que la communauté religieuse à laquelle appartient Catherine est dirigée par un prêtre sinistre, le père Michael Rayner (Christopher Lee, aussi effrayant en soutane que sous la cape de Dracula). Excommunié deux décennies plus tôt pour ses prises de position hérétiques, il est prêt à tout pour récupérer la jeune religieuse, car à l’aube de ses 18 ans, un rituel va permettre à l’ingénue de devenir l’avatar du démon Astaroth.

Christopher Lee l’hérétique

Satanisme, meurtres rituels, manifestations surnaturelles et nudité frontale (la Belle Nastassja quitte bien vite le voile pour nous révéler son irréprochable anatomie) sont au programme d’Une Fille pour le diable, qui nous livre de furtives visions horrifico-surréalistes (le bébé monstrueux et ensanglanté) et n’hésite pas à appuyer ses effets, musique atonale de Paul Glass à l’appui. La mythique séquence d’orgie au cours de laquelle Christopher Lee (remplacé à l’occasion par sa doublure habituelle Eddie Powell) se dénude et s’accouple avec une de ses paroissiennes tandis que Catherine exulte sous les assauts d’une statue grandeur nature du démon Astaroth vaut tout de même le détour. Une Fille pour le diable sera l’avant dernier film estampillé Hammer, qui produira dans la foulée un remake d’Une Femme disparaît d’Alfred Hitchcock avant de refermer ses portes.

 

© Gilles Penso

 

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