GALAXY QUEST (1999)

Les acteurs d’un space opera télévisé kitsch sont recrutés par de véritables extra-terrestres pour les libérer du joug de leur oppresseur…

GALAXY QUEST

 

1999 – USA

 

Réalisé par Dean Parisot

 

Avec Tim Allen, Sigourney Weaver, Alan Rickman, Sam Rockwell, Tony Shalhoub, Daryl Mitchell, Justin Long

 

THEMA SPACE OPERA I EXTRA-TERRESTRES

L’évènement était aussi exceptionnel que le passage d’une comète : en 1999, pour la première fois depuis une cinquantaine d’années, nous assistions à la création d’un nouveau studio hollywoodien : Dreamworks SKG, dont la principale figure publique n’était autre que Steven Spielberg. Parmi la première salve de titres mis en production figurait Galaxy Quest, basé sur un scénario acheté clé-en-main à un certain David Howard, auteur de théâtre qui accoucha de ce scénario hommage/satire de Star Trek. Spielberg confia le projet à Harold Ramis (Un Jour sans fin, Mes doubles, ma femme et moi) dans l’idée de reproduire l’alchimie de comédies fantastiques telles que S.OS. fantômes ou Men in Black. Ramis appréciait particulièrement l’aspect satirique du scénario et voulait situer le film dans les années 60, pour accentuer le côté kitsch et désuet du sujet. Un choix d’autant plus intéressant que Star Trek ne rencontra pas son public lors de sa première diffusion en 1969, mais lors de ses rediffusions quelques années plus tard. La version de Ramis se serait probablement montrée plus douce/amère et nostalgique, le réalisateur ayant toujours intégré une dimension sentimentale à ses films. Mais c’est son désaccord avec Spielberg à propos du casting de Tim Allen dans le rôle principal qui le poussa à quitter le navire. Exit Ramis donc, remplacé au pied levé par Dean Parisot, un téléaste plus malléable ayant travaillé sur Urgences produit justement par Spielberg. C’est donc le grand patron qui tire les ficelles en coulisse et modèle Galaxy Quest selon ses propres envies.

Galaxy Quest est le titre d’un feuilleton fictif narrant les aventures spatiales de l’équipage du vaisseau Protector, afin « d’aller là où nul homme n’est jamais allé ». Toute ressemblance avec Star Trek étant bien sûr voulue, Dreamworks évite toutefois soigneusement de s’exposer à tout procès pour plagiat de la part de la Paramount, très protectrice vis-à-vis de sa franchise. Galaxy Quest n’en constitue d’ailleurs pas un concurrent direct puisqu’après une scène d’intro nous présentant un pastiche de la série phare de Gene Roddenberry, nous retrouvons ses acteurs à une convention de science-fiction. Les fans en cosplay se bousculent pour obtenir un autographe de leurs idoles qui jouent le jeu avec plus ou moins d’entrain ou de cynisme. Tim Allen incarne Jason Nesmith, une caricature de William Shatner/Capitaine Kirk, imbu de sa personne mais assumant à fond son image face publique. Sigourney Weaver est Gwen DeMarco, une blonde pulpeuse contrainte de jouer de son décolleté pour faire perdurer sa popularité. Mais le numéro le plus jouissif nous est offert par Alan Rickman, incarnant Sir Alexander Dane (le générique de fin révèle en effet qu’il a été anobli), un acteur shakespearien désabusé et cynique n’acceptant pas de devoir sa notoriété au rôle du Dr Lazarus (un pseudo-Spock donc) dont il porte le maquillage avec une humiliation non-dissimulée. Ce personnage est peut-être tout ce qu’il reste du ton plus incisif du scénario original et l’on se régale des réparties et mimiques de Rickman, qui puise d’ailleurs un peu ici dans son propre vécu. Le moteur et principal ressort comique du scénario tient au fait qu’un groupe de Thermiens, d’« authentiques » extra-terrestres ayant vu la série depuis l’espace, sont convaincus qu’il s’agit d’images d’archives et que l’équipage pourrait les aider à repousser leurs ennemis à l’allure insectoïde. Ce qui donne suite à une série de quiproquos voyant Nesbit, DeMarco et Dane, incrédules, plongés dans des situations plus périlleuses les unes que les autres, alors que les Thermiens boivent leurs paroles et ne cessent de s’extasier à chacune de leurs actions.

La folle histoire de l’espace

N’en déplaise aux Trekkies, leur saga culte n’a jamais joui en France (et plus largement en Europe, à l’exception de nos voisins allemands très friands de la chose) de la même popularité que La Guerre des étoiles. Ce qui explique d’emblée la totale indifférence avec laquelle Galaxy Quest fut accueilli chez nous. Il faut aussi rappeler que le phénomène « geek » n’avait pas encore contaminé le grand public et que les conventions et autres comic-con n’avaient pas encore traversé l’Atlantique. Si Dean Parisot a tenu à faire du film une sorte de Magicien d’Oz de l’espace (où des personnages pensant manquer de qualités héroïques s’aperçoivent que celles-ci étaient en eux depuis toujours), fans et acteurs ne sont pas forcément dépeints sous un angle flatteur. En résulte un film hybride, qui commence comme un pastiche puis perd de son mordant pour devenir un simple hommage inoffensif. La preuve : Galaxy Quest fut élu par des Trekkies « 7ème meilleur épisode de la saga ». Ce qui atteste en tout cas de la capacité du producteur Spielberg à toucher son public-cible en évitant à tout prix de le froisser. Et sur ce point, la direction artistique fait honneur au space opera. On saluera les maquillages du studio Stan Winston, les maquettes d’ILM (le Protector fut construit en deux versions, l’une volontairement grossière pour les extraits de la série et l’autre plus sophistiquée pour le « vrai » vaisseau) ainsi qu’une scène très réussie avec un géant de pierre réalisé en images de synthèse. Galaxy Quest fait aujourd’hui l’objet d’un petit culte dans le cercle fermé des Trekkies. Si une suite cinéma ne fut que brièvement évoquée par Dreamworks, Amazon saisit la balle au bond en 2015 en annonçant une adaptation… sous forme de série ! Si on peut légitimement douter de l’intérêt de boucler la boucle de la sorte (le concept ne serait qu’un énième space opera de plus), une suite ou une série Galaxy Quest pointera le bout de son nez tôt ou tard, qu’on le veuille ou non, car comme tout bon Trekkie le sait : « Toute résistance est futile ».

 

© Jérôme Muslewski

 

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