REEKER (2006)

Cinq jeunes automobilistes sont pris en chasse par un monstre mystérieux qui mutile tous ceux qui passent à sa portée…

REEKER

 

2006 – USA

 

Réalisé par David Payne

 

Avec Devon Gummersall, Derek Richardson, Tina Illman, Scott Whyte, Arielle Kebbel, Michael Ironside, Eric Mabius

 

THEMA MORT

En écrivant, produisant et réalisant Reeker, David Payne semble s’être efforcé de prendre le contre-pied des films d’horreur classiques formatés par les grands studios hollywoodiens. L’initiative est on ne peut plus louable, et la séquence d’introduction s’avère très efficace. En quelques minutes, ce concentré de suspense, d’épouvante, d’humour noir et de gore semble annoncer aux spectateurs qu’un monstre mystérieux rôde sur le bas-côté des autoroutes, prêt à mutiler sauvagement tous les automobilistes qui passent à sa portée. L’intrigue nous familiarise ensuite avec Jack, Nelson, Trip, Gretchen et Cookie, cinq adolescents en partance pour une rave party au cœur du désert californien. Outre les conflits inhérents aux fortes personnalités du petit groupe, des ennuis plus sérieux surviennent en cours de route. Une fuite dans le réservoir les oblige ainsi à faire halte devant un motel qui semble avoir été abandonné à la hâte. Alors qu’ils s’efforcent de trouver une assistance providentielle à l’aide des téléphones et des radios, ils ne captent que des messages brouillés où les appels de détresse se multiplient, évoquant une catastrophe mystérieuse. Décidés faute de mieux à passer la nuit sur place, les cinq amis sont bientôt rejoints par Henry (ce bon vieux Michael Ironside, transfuge de Scanners et Starship Troopers), le chauffeur d’un camping-car qui recherche sa femme et s’avère victime d’attaques cardiaques chroniques.

Tous les pions étant en place, le jeu de massacre commence, dirigé par une entité dont on ignore tout. S’agit-il d’un tueur psychopathe ? D’un démon surgi des enfers ? D’un zombie ? D’un fantôme ? A moins qu’il ne s’agisse de la Mort elle-même ? Toujours est-il que l’entité, insaisissable, assassine à l’aide d’instruments mécaniques variés tout en exhalant une odeur proprement insupportable. Jusqu’à la fin du film, conçue comme un gigantesque twist pour le moins audacieux, le mystère reste complet… Toutes les composantes d’un film d’horreur novateur et surprenant sont donc réunies. Et pourtant, hélas, Reeker tombe assez rapidement à plat. La faute en incombe prioritairement au choix de ses protagonistes, archétypes de la jeunesse crétine qui servait déjà de chair à saucisse à Jason Voorhees depuis le début des années 80. Leur sort ne nous émeut donc pas plus que ceux des campeurs idiots de l’interminable saga Vendredi 13.

Détour mortel

Comme en outre la mise en scène de leurs meurtres ne déborde pas d’originalité et s’encombre d’effets numériques maladroits visualisant les volutes nocives que véhicule le monstre, le bain de sang tourne assez rapidement à l’ennui. Reste cette chute, une véritable trouvaille, certes, mais qui aurait mérité meilleure préparation que cet enchaînement de séquences malhabiles au cours desquelles le mystère sans cesse épaissi finit par susciter le désintéressement total d’un public progressivement lassé. Reeker est donc un ratage intéressant, qui évoque tour à tour Destination finale et Identity, et que David Payne aura porté à bout de bras, constituant à l’occasion sa propre structure de production (avec son épouse Tina Illman, interprète de Gretchen) et composant lui-même une bande originale plutôt efficace.

 

© Gilles Penso

 

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