CENTRE TERRE : SEPTIÈME CONTINENT (1976)

Kevin Connor adapte un roman d’Edgar Rice Burroughs et envoie ses héros au centre de la terre où vivent toutes sortes de créatures primitives

AT THE EARTH’S CORE

 

1976 – GB

 

Réalisé par Kevin Connor

 

Avec Doug McClure, Peter Cushing, Caroline Munro, Sean Lynch, Cy Grant, Godfrey James, Michael Crane, Bobby Parr

 

THEMA DINOSAURES I EXOTISME FANTASTIQUE

Le succès mondial du Sixième continent pousse Kevin Connor et la compagnie Amicus à s’attaquer à un autre récit d’Edgar Rice Burroughs : At the Earth’s Core, que les distributeurs français traduiront par Centre Terre : septième continent. Mais contrairement à ce que peuvent laisser croire ce titre et la présence du comédien Doug McClure, ce film n’est pas la suite du Sixième continent mais une variation sur le thème du voyage au centre de la terre, officiellement adaptée par le scénariste Milton Subotsky du roman « Au cœur de la terre », premier tome du cycle « Pellucidar » de Burroughs. Bâtie sur un concept selon lequel la Terre serait creuse, avec un « monde à l’intérieur du monde » possédant son propre soleil et ses peuplades oubliées figées dans une préhistoire alternative, la saga de Pellucidar se compose de sept ouvrages publiés entre 1914 et 1944. L’intrigue de Centre Terre : septième continent démarre en 1898 et nous fait découvrir une énorme machine particulièrement photogénique surnommée la « Taupe de fer ». Cet appareil au design à mi-chemin entre Gustave Eiffel et Jules Verne est l’œuvre de l’ingénieux docteur Abner Perry, qui va tenter de parvenir jusqu’au centre de la terre afin d’explorer les mystères qui y règnent. 

 

 

Avec David Innes, jeune et riche ingénieur américain qui finance l’affaire, Perry met la machine en marche, laquelle plonge verticalement à une vitesse vertigineuse telle une vrille colossale. Perry découvre alors le monde fantastique de Pellucidar, célèbre dans les légendes antiques. Sortant de leur machine, les explorateurs font face à des monstres, des arbres immenses, une végétation luxuriante. Ils sont bientôt capturés par les Sagoths, une tribu de créatures primitives, moitié hommes moitié monstres, qui sont servis par des esclaves humains. L’analogie avec les Morlocks de La Machine à explorer le temps nous saute alors aux yeux. Le pays est gouverné par une dynastie de ptérosaures géants, les Mahars, qui communiquent avec les Sagoths par ondes mentales. David établit le contact avec Dia, une belle esclave dont il s’éprend bien vite, mais s’attire le courroux de ceux qui veulent la garder. Il lui faudra élaborer un plan audacieux pour éliminer les Mahars et libérer les esclaves avant que Dia ne soit sacrifiée aux sinistres créatures… Outre Doug McClure, dont l’énergie athlétique compense une certaine inexpressivité, les héros de cette aventure délirante sont Peter Cushing, employé à contre-emploi dans le rôle d’un excentrique émule du professeur Tournesol éternellement affublé de son parapluie, et Caroline Munro, dont le rôle ici n’excède pas – hélas ! – celui de jolie potiche.

 

Des dinosaures improbables

Les monstres qui hantent le centre de la terre, très vaguement préhistoriques, se situent à mi-chemin entre ceux des films de science-fiction japonais et ceux des péplums italiens fantastiques. Autrement dit, ils prêtent volontiers à rire et amenuisent par leur seule présence l’impact des séquences dans lesquels ils interviennent. La plume d’Edgar Rice Burroughs, adoptant le point de vue à la première personne de David Innes, les décrivait pourtant avec une belle force évocatrice : « lorsque je vis ces longues carcasses luisant aux rayons du soleil, qui émergeaient de l’océan en secouant leurs têtes géantes ; lorsque je vis l’eau rouler de leurs corps sinueux en formant des cataractes miniatures, tandis qu’ils glissaient de-ci de-là, un moment à la surface, l’instant d’après à demi-submergés ; lorsque je les vis s’affronter, gueules béantes, sifflant et renâclant, en leurs combats titanesques et interminables, je me rendis compte à quel point l’imagination de l’homme est pauvre et débile comparée à l’incroyable génie de la Nature. » Mais à l’écran, ces visions dantesques prennent les allures d’un prédateur affublé d’un bec de perroquet, de bêtes cornues hybrides entre le dinosaure et le phacochère, d’un quadrupède carnivore aux allures d’hippopotame, de rhamphorhynchus télépathes de taille humaine, tous interprétés par des figurants dans des costumes à la coupe très évasive. Leur concepteur, Ian Wingrove, fut visiblement victime de terribles restrictions budgétaires. En comparaison, les dinosaures du Sixième continent sont des modèles de réalisme. Les effets visuels qui mêlent ces créatures aux comédiens sont en revanche très soignés. À la fin de cet aberrant défilé de dragons caoutchouteux et de tribus sauvages, et après un coutumier cataclysme, la « Taupe de fer » victorienne regagne la surface, au cours d’un dénouement gag judicieusement concis.

 

 

© Gilles Penso

 

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